La griffe de la panthère noire

Hâfu

 Des pas s'approchaient dangereusement de la porte du Sanctuaire. Vite, elle devait partir avant que le yakuza lui coupe la tête.

Elle courut vers l'escalier au fond, s'engouffra dans un couloir obscur, qui sentait, à s'y méprendre au opium, perdit une pantoufle, ne s'arrêta pas, elle continua sa course, tomba sur un des gorilles des Quatre Veuves, s'excusa de son étourderie, échappa de peu à sa poigne, se perdit un peu plus, essaya quelques portes, dont une qui donnait sur une toilette sur laquelle était assise une des quatre veuves, celle-ci était trop étourdie pour s'en offusquer. Lilith, elle, ne savait pas si elle se remettrait un jour de cette vision. Elle poussa une autre porte, se retrouva dans une pièce étrange avec des crochets au plafond, l'odeur d'urine était trop présente pour qu'elle puisse l'ignorer, elle recula alors qu'un grognement terrifiant percuta les murs.  Un être surnaturel se cachait dans l'obscurité et elle avait venait de déranger sa sieste.

- Hey! Que fais-tu là? S'écria un des gardes

Elle l'entendit parler au walkie talkie;

- La fille est avec God. La sortir d'ici? D'accord

Le souffle au bord de l'asphyxie, poursuivie par le garde, l'adolescente dénicha finalement la sortie qui la propulsa immédiatement dans les jardins.

Le soleil l'aveugla. Elle trébucha, tomba mais se rattrapa de justesse. Lilith reprit lentement son souffle, toucha son coeur pour s'assurer qu'il n'était pas sorti de son orbite, déposa l'urne, remit lentement ses idées en place.

Ken et quelques hommes discutaient dans le parking, ils ne l'avaient pas encore aperçu. Ils prenaient une pause et se croyant loin des oreilles indiscrètes, échangeaient leurs impressions. Mais sa tête tambourinait incessamment: Eiko et le boss. Le boss et Kana. 

- ... Il fait partie de la famille, il doit accepter l'initiation, disait Wu, un des gars de cuisine, en tendant sa cigarette à son collègue

Lilith sentait son coeur qui voulait accoucher. Il fallait qu'elle se ressaisisse et arrête de s'offusquer chaque fois que la garde-robe féminine s'infiltrait dans la vie du boss.

- Les gars ne sont pas contents, protestait Lee, en fumant un coup

- Ce n'est pas une décision qui vous appartient, fit le beau brun. Le Oyabun* a déjà tranché

- Comment pouvons-nous nous fier à quelqu'un qui n'est pas initié? Attaqua Buta

- C'est comme avec cette française qui se balade dans la maison, elle va où ça lui chante, et nous devons surveiller chaque fois ce qu'on fait ou dit, enchaîna Lee

- Ne va pas là, prévint Ken

Lilith se mit à marcher vers eux, comme une automate.

- Elle mange avec notre chef et parce qu'elle est son arrière- petite-fille on devrait croire qu'elle va pas nous balader à la police quand elle retournera chez elle?

- Laisse cette fille hors de ça, objecta Ken, le ton dur. Ou tu veux critiquer les décisions de Oyabun?

Les deux gardes se retranchèrent dans un silence lourd. Lilith était à quelques pas de là. Leurs yeux se posèrent sur ses pieds nus, la précieuse urne déposée sur le sol près d'ne fourmilière, puis leurs yeux remontèrent vers son visage altéré, ses cheveux collants, sa mine de naufragée. Une silencieuse mais étouffante désapprobation souffla dans l'air.

- Cela ne restera pas comme ça, fit Lee en s'en allant

- Qu'est-ce qu'ils voulaient? Demanda-t-elle innocemment

Ken se passa la main dans ses boucles, agacé. Il alla reprendre l'urne.

- Rien d'important

Elle profita qu'il semblait agacé pour l'agacer davantage;