20e épisode : Bamako-Kedougou

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Ce périple fut une source importante de stress pour moi. Je n'ai pas pu trouver une seule information fiable. Mais il n'y a pas très longtemps, j'ai appris sur moi-même que j'aimais les situations de stress... 🤷🏾‍♂️ Quand se présentent à moi une solution A me garantissant satisfaction et tranquilité avec un coût important en temps et en argent, et une solution B n'étant sûre qu'à 70%, mais me permettant de faire des économies (temps/argent), soyez sûrs que je choisirai la solution B. Donc non, je n'aime pas la tranquillité, je me suis longtemps menti à moi-même 😂

La frontière terrestre entre le Mali et le Sénégal est officiellement fermée. Seules circulent les marchandises. Certains estiment que cela date de l'embargo de la CEDEAO lors du récent coup d'état militaire au Mali, d'autres pensent que cela est dû à la crise sanitaire. J'hésite entre ces deux versions car s'il s'agissait uniquement de la crise sanitaire, il suffirait de conditionner l'entrée sur le territoire sénégalais à un test covid. Comme cela se fait actuellement par la voie aérienne. Au lieu de cela, il faut effectuer plusieurs actions clandestines et payer des pots-de-vin. C'est ainsi que je me suis retrouvé à prendre le car jusqu'à Kenieba.

Lorsque je suis allé demander au guichet du terminus comment me rendre au Sénégal, mon interlocuteur m'a redirigé vers le bus d'où j'étais descendu, pour que ce dernier m'amène au "Feu", à Mahinamine. C'est là-bas que j'ai trouvé une moto qui m'a fait passer la frontière sur une route cabossée, uniquement fréquentée par des camions et quelques moto-tigui.

Quelques kilomètres et 5000 FCFA plus tard (une taxe de 3000fcfa pour le policier sénégalais (j'ai quand-même obtenu un reçu cette fois) et 2000f pour la moto), j'étais sur le territoire sénégalais 🇸🇳

A chaque action du gouvernement, j'ai l'impression que les policiers y voient une opportunité de se faire de l'argent. Si on s'assoit deux secondes et qu'on analyse la chose: le gouvernement sénégalais rouvre ses frontières aériennes et ferme ses frontières terrestres en tolérant quand-même le passage de milliers de personnes sur leur territoire. Donc n'importe qui peut entrer, qu'il soit pestiféré ou positif au covid. Si on regarde un autre aspect, cela pèse très lourdement sur le portefeuille des personnes voyageant en car, ces dernières ayant préféré ce moyen de locomotion pour des raisons évidemment financières. Quand on connaît les standards de qualité assez aléatoires d'un bus à l'autre sur la même compagnie, on comprend vite que personne n'emprunte cette voie pour le plaisir des paysages et de la convivialité.

En temps normal d'ailleurs, les pauvres voyageurs de bus de font systématiquement taxer à chaque poste de contrôle de police, lorsqu'ils sont étranger dans le pays. Si les Maliens sont exemptés de payer 1000 fcfa (2000f ou 3000f, ça dépend du policier en poste et des documents que l'on a pas) à chaque poste sur le territoire malien, ils sont vite rattrapés par les policiers sénégalais une fois sur leur territoire. La légende raconte que ce sont les policiers maliens qui ont commencé, les autres ont suivi en représailles (wtf 🤔).

J'aurais dû commencer par là mais, il faut savoir que ces deux pays font partie de la CEDEAO, une organisation dont les pays membres ont signé un accord de libre circulation des personnes. C'est donc purement et simplement de l'extorsion. Et cette fermeture des frontières terrestres ? Pareil, un nouveau moyen d'extorquer de l'argent aux voyageurs.

Voilà comment mon billet Bamako-Kedougou est passé de 13.000 FCFA (bus + moto + taxi partagé pour arriver à Kedougou) à 20.500 FCFA à cause des trois taxes que j'ai subies. Vous imaginez le nombre de taxes que doit subir quelqu'un qui n'est ni Malien, ni Sénégalais ?!

Bien évidemment, je ne suis pas le premier à parler de ces extorsions des forces de police dans les différents pays de la CEDEAO (oui, d'autres pays sont concernés), il y a même plusieurs articles de presse et un reportage de France 24 qui en parlent.

Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire pour que nos droits soient respectés... En attendant, dans ma position de victime, la seule chose que je puisse dire est ACAB (enfin presque).

Après les péripéties de la frontière, je suis monté dans un "7 places" en direction de Kedougou. Sur la route, on voyait tellement bien les étoiles que mêmes les phares de la voiture n'arrivaient pas à atténuer leur lumière. J'avais l'impression de voyager tout près d'elles.

Pendant le trajet, certains passagers parlaient peul avec Souaré, le conducteur. Je regrette dans ces moments-là de ne pas avoir appris ce dialecte, qui est celui de mon ethnie. Leur conversation avait l'air vraiment drôle. C'était comme un doux chant dont je ne comprenais pas les paroles. Parfois je me surprenais à rire sans savoir pourquoi.

A l'arrivée, Souaré m'a proposé de m'accompagner à la chute de Dindefelo. Je pense qu'il a eu l'idée après m'avoir entendu négocier avec un guide au téléphone.

Petite parenthèse, j'ai rencontré il y a quelques jours une de mes lectrices et son amie qui voyageaient au Mali. Après avoir lu mes racontages et visité l'atelier Ndomo, elles sont venues à Bamako, là où nous nous sommes rencontrés. En apprenant que j'allais au Sénégal, elles ont complété ma liste puis envoyé le numéro d'un guide qu'elles ont rencontré.

C'est donc avec ce contact que je négociais. Il me proposait de dormir sur les lieux des divers endroits où je projetais d'aller mais comme j'étais déjà hébergé chez le frère du mari de la sœur de ma grand-mère (la magie de l'Afrique 😍) c'était compliqué. J'aime le stress mais pas les dépenses d'argent inutiles 🙃

Avant de lui donner ma décision, j'ai écouté ce que Souaré avait à me proposer. Étant originaire du village de Dindefelo, il me proposait de m'y amener, puis de me ramener à Kedougou pour un prix qui m'a paru honnête.

Lorsque je suis arrivé chez ma tante, je lui ai demandé si ce prix était vraiment raisonnable. Elle l'a alors appelé pour vérifier sa fiabilité et probablement négocier. Ils ont parlé en peul et il s'est avéré qu'elle était très amie avec son grand frère, qui habite à quelques rues de la sienne (la magie de l'Afrique 😍). Lorsqu'elle a raccroché, elle m'a donné la certification que je recherchais: "tu peux y aller ce n'est pas un attrape-touriste".

J'ai donc rappelé mon contact pour lui dire que je n'avais plus besoin que de la prestation de guide pour découvrir le village de Dindefelo. J'ai abandonné l'idée de la visite du parc de Niokolo car en plus d'être un endroit isolé très difficilement accessible en transport, le prix de la nuit sur place est cher. 85k la nuit + 25k la visite (entrée + guide + 4x4) + 20k pour le transport (estimation optimiste) = presque le prix d'un billet aller-retour pour le Cap-Vert. J'aurais bien aimé voir les animaux de cette réserve mais ce sera pour une autre fois. Je reviendrai avec le permis en poche !

Le Touriste du Dimanche - Journal De BordWhere stories live. Discover now