21e épisode : Dindefelo

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On m'avait prévenu qu'il y avait pas mal de marche, à peu près 4h, et que le parcours était assez sportif. Je voulais donc y aller de bon matin afin d'éviter de marcher sous le soleil lorsqu'il serait au zénith. Un grand raté car j'avais donné rdv à Souaré à 8h mais il avait une visite à faire au garage. En plus du guide qui m'a expressément demandé de "tout faire pour arriver à midi, pas avant". Hmm, soit.

Souaré est arrivé vers 11h30. Je pensais qu'il n'y avait que 30 minutes entre mon logement et le village mais j'ai eu la surprise de découvrir qu'il y avait plus d'une heure de trajet. En plus de cela nous avons perdu du temps à cause d'un policier qui nous a arrêté. Certains ont pu voir sur ma story Instagram (@settortank) l'amende pour non-port du masque. Mon accompagnateur a essayé de négocier pour moi sans succès. J'ai lâché l'affaire dès lors que je l'ai vu rédiger une vraie amende en bonne et dûe forme, c'est la première que j'en reçois une en Afrique. D'habitude ils se contentent de mettre l'argent dans leur poche. Bref vous connaissez tout le bien que je pense de ces pratiques 🙃

Sur la route, Souaré disait bonjour à toutes les personnes que nous rencontrions. Je pensais que c'était par respect mais il m'a dit que tout le monde se connaissait dans la zone. J'ai fini par apprendre à dire bonjour en peul "Yale diam". J'ai pensé que ce serait pertinent d'apprendre quelques mots vu que c'est la langue la plus parlée du coin.

Arrivés au village à côté de la montagne (Dindefelo = à côté de la montagne), nous avons été arrêtés une nouvelle fois par un policier. Le village se situe près de la frontière guinéenne et il y a donc un poste pour contrôler les personnes. Ce dernier a pris ma pièce d'identité mais à ma grande surprise il ne m'a rien demandé. Je pense que c'est dû au fait que nous ayons parlé en bambara et grâce à ma destination. Ça m'a fait plaisir d'échapper pour une fois à l'extorsion.

Dès que j'ai rejoint mon guide, Ibrahim, j'ai eu droit à une explication des activités de la la commune par un homme qui semblait être son responsable. J'ai ainsi appris que la réserve naturelle de Dindefelo est gérée par un ensemble de 14 villages. Il y a plusieurs sites dont la chute est l'élément phare. Leur deuxième attraction est la réserve naturelle qui vise à l'étude et à la protection des singes dans leur milieu. Ils travaillent avec l'Institut Jane Goodall (j'ai souri en pensant à Tarzan). Le responsable a ensuite fortement invité Ibrahim à me faire la visite du musée sur la culture peul. J'ai pu lire l'agacement sur son visage. En fait, dès mon arrivée, il m'a semblé pressé. Il regardait souvent sa montre. Sa visite express et très sommaire de la galerie d'art me l'a confirmé.

Il a fini par me dire que nous avions du chemin à faire et que nous devrions certainement commencer notre randonnée. C'est vrai qu'il était déjà 13h. J'ai vu ses yeux sortir lorsque je lui ai demandé où je pouvais acheter à manger.

Nous avons donc commencé notre randonnée. Dans la montée, nous avons croisé un collégien de 5°. Il nous a raconté qu'il descendait la montagne tous les jours pour pouvoir aller à l'école. Son village se situe à 2km du sommet de la montagne. On parle donc de 2km de vélo, 800m de descente, une journée de cours puis une montée de 800m. J'ai pensé à mon frère du même âge qui arrive à être en retard alors que son collège se situe à 3 minutes à pied.

La montée fut rude. 14h en altitude à la merci du soleil assassin du Sénégal. Nous avons fait trois pauses au cours desquelles nous nous sommes hydratés. A chaque pas que je faisais vers le haut je pensais "Ptn comment est-ce que je vais descendre ? Ça va être galère au retour, ici ça glisse grave. Comment je me suis retrouvé là ? Si on m'avait dit un jour que j'irais moi-même me foutre dans ce genre de bourbier aérien mdr. Y a vraiment des gens qui font que ça de leurs vacances ?". Bon en vérité ce sont plus des pensées que j'ai eu lorsque nous nous arrêtions. Mon esprit était trop concentré à suivre les pas du moniteur pour penser à quoi que ce soit.

Le Touriste du Dimanche - Journal De BordWhere stories live. Discover now