Le Touriste du Dimanche - Journal De Bord

25e épisode : Missirah-Banjul-Cap Skirring

Parti à 9h, j'ai emprunté 6 moyens de transport différents. La pirogue, la moto, le van, le bateau, le taxi, et les 7 places. J'ai vu la mer, le fleuve, la forêt, la ville, la campagne. Parlé à 9 policiers et versé 2 pots-de-vin. Argumenté 3 fois pour justifier mon voyage et menti 2 fois pour pas qu'on découvre ma domiciliation en France.

Au début c'était ma source de stress principale mais au moment où j'écris ce texte je crois que j'aime vraiment les galères de transport. Ou du moins la manière dont j'arrive à surmonter les difficultés que je rencontre. C'est même mon moment préféré du voyage. Je vois mon séjour plus comme une récompense et un regain de PV qui me permet de recommencer.

Lorsque je suis arrivé sur le quai de Missirah, j'ai tout de suite été interpellé par un policier. Bouba avait prévu de me confier à l'une de ses connaissances pour m'amener en voiture mais ce plan est tombé à l'eau.

Je pensais simplement devoir sortir mes pièces d'identité et un billet mais cette fois j'ai eu droit à un interrogatoire approfondi.

Le policier m'a demandé ma date d'entrée sur le territoire, ma profession, le motif de ma visite, ma destination et mon futur lieu de résidence. Toutes les réponses que je lui ai donné l'ont satisfait sauf une "je suis Malien et je viens de Bamako". Il m'a laissé répondre puis m'a demandé où était mon passeport français. J'ai conservé ma première version, qui était la vérité. Insistant, il a alors émis l'hypothèse que je devais au moins avoir un titre de séjour. Je n'ai pas nié avant d'ajouter que je ne voyageais pas avec, ce dernier n'étant pas utile dans la sous-région.
Si je lui avais donné ma domiciliation principale cela m'aurait causé des problèmes. Il aurait sûrement exigé un test covid négatif, chose pour laquelle il m'a juste posé des questions. Je m'en suis tiré avec un simple "je suis à Kedougou depuis le 5 janvier donc ça fait plus de 72h que je suis sur le territoire sénégalais".

(Mal)heureusement mon passeport neuf ne pouvait pas m'innocenter. Après quelques questions supplémentaires sur les raisons de mon voyage, le chef du poste m'a laissé partir sans que je ne paye quoi que ce soit. Il m'a seulement demandé de contacter un dénommé Sow à la frontière pour qu'il tamponne mon passeport et que mon passage au Sénégal soit retraçable.

C'est après ce checkpoint que j'ai rejoint une moto-taxi qui m'a amené jusqu'à la frontière. J'étais préparé psychologiquement mais j'ai quand-même chopé de sacrées crampes aux fesses 😂.

A la frontière sénégalaise, j'ai recherché le dénommé Sow puis obtenu un tampon sur mon passeport. Sur le territoire gambien, j'ai échangé 5000 FCFA en dollars gambiens. Je suis d'habitude précautionneux et j'aurais vérifié le taux de change avant la transaction mais j'étais un peu trop dans le délire du "dans tous les cas on verra bien". Du coup je ne me souviens même pas de ce que j'ai obtenu en dollars gambiens. Mais c'était assez pour traverser la Gambie et rejoindre l'autre frontière sénégalaise apparemment.

Côté gambien de la frontière, j'ai demandé à un civil où je devais présenter mon passeport. Il s'est avéré que ce dernier était un policier qui m'a mené directement au bureau du responsable du poste. Je me rappelle les paroles de Coly lorsqu'il m'avait indiqué l'itinéraire "si on te demande de montrer tes affaires, tu les montres. Si on te demande ton passeport, tu le donnes. Si on te demande de payer 1000f, tu paies. Pas d'histoires". Il ne pouvait pas savoir que j'étais déjà habitué aux taxes arbitraires des policiers.

Après avoir payé la taxe, le même policier en civil qui m'avait amené faire vérifier mon passeport m'a demandé de le suivre. Après avoir mélangé français, wolof, bambara et anglais dans la même matinée j'avais un peu de mal. Je ne comprenais pas trop car il me parlait en anglais et le temps que mon cerveau active le traducteur, j'ai juste pu lire l'intitulé de la carte qu'il me montrait : "DEA".