23e épisode: "Missirah"

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C'est le nom du quartier où réside ma grand-mère à Bamako, mais aussi le nom de deux villes au Sénégal. L'une s'écrit "Missirah", l'autre "Missira". A l'oral, il est impossible de les distinguer. Ces deux villes se situent pourtant à deux endroits très éloignés du Sénégal. J'ai failli jouer à pile ou face lorsque le transporteur Malien que j'avais rencontré plus tôt m'a demandé auquel des deux « Missira » je voulais me rendre. Mais dans un éclair de lucidité, j'ai consulté mon ami Google. Sans ça, je me dirigeais vers la mauvaise destination.

Lorsque j'ai fini ma petite promenade à Kaolack et que j'ai annoncé à Lasso, le gérant du guichet de la compagnie de transport, le bon "Missirah", il m'a accompagné vers un moto-taxi qui m'a emmené au Garage. De là-bas j'ai pris un 7 places en direction de Toubakouta car aucun d'entre eux n'allait directement à Missirah. En appelant Lasso pour le remercier et l'informer que j'étais bien dans la voiture, j'ai parlé en bambara. Dès que j'ai raccroché, mon voisin, Camara, m'a interpellé dans cette langue. Il vit en Gambie et était venu déposer sa mère pour qu'elle aille à Bamako.

Pendant qu'il m'expliquait la dureté de la vie en Gambie et ses difficultés à trouver du travail, les paysages de sable et de bouts de mer défilaient sous mes yeux. Il y a même eu un moment un lac rose, comme celui près de Dakar.

A un moment le chauffeur s'est arrêté, et c'est Camara qui a vérifié pour moi en wolof que j'étais au bon endroit. Nous nous sommes dit au revoir, j'ai récupéré mes affaires puis j'ai interrogé les riverains. Ces derniers m'ont juste dit "amoul auto", donc « pas de voiture ». J'ai soupiré, puis j'ai reposé ma question pour savoir s'il n'y avait pas un autre moyen de transport. L'un d'entre eux a fini par me répondre que l'on pouvait se rendre à Missirah en moto. Il m'a annoncé son tarif fixe, 2000f, puis nous sommes partis. J'ai appris plus tard que j'avais obtenu un bon prix. Parfois on peut payer jusqu'à 4000f.

La route était faite uniquement de sable. Par endroits c'était très épais et à d'autres il y avait des creux. Plusieurs fois nous avons failli glisser et tomber. Mon chapeau peul ne m'a pas protégé très longtemps du soleil. Même s'il est très efficace contre les rayons assassins au moment du zénith, il devient inutile s'il y a trop de vent. Entre le stress de la chute, les rayons du soleil, la poussière, et l'inconfort du siège (j'étais assis au bout de la moto car mon sac de voyage tenu par le conducteur prenait beaucoup de place à ses pieds) je ne sais pas ce qui me dérangeait le plus. Je commençais même à avoir des crampes aux fesses 😂.

Ma torture a pris fin lorsque nous sommes arrivés au port de Missirah. J'ai appelé mon futur hôte, Christine, qui a envoyé son piroguier, Bouba, me chercher. Pendant l'attente j'ai sympathisé avec un peul qui m'a abordé dans cette langue à cause de mon chapeau. Nous avons échangé comme nous pouvions à l'aide de phrases incomplètes en français, en wolof et de petits signes de main. Il avait l'air marrant, dommage que nous n'ayons pas pu réellement échanger.

Bouba est arrivé sur le quai 30 minutes après mon échange avec Christine. La marée basse avait augmenté le temps de trajet, sinon la pirogue n'aurait pris que 5-10 minutes.

C'était la deuxième fois que je voyais une mangrove. La première fois que j'en ai vu une, c'était dans le jeu-vidéo "Dragon Quest". Et je peux vous assurer que ce n'était pas un endroit plaisant pour se balader. Tout le contraire de la Mangrove du Sine Saloum, pas un seul monstre en vue. Seulement des oiseaux ayant pris place sur les morceaux de terre exposés par la marée basse, et des arbres prenant racine dans l'eau de mer.

Nous avons fini par arriver sur l'île de Kathior, qui veut dire "escroc" en wolof. La légende raconte que des pirates gambiens cachaient parfois le butin de leur pillage sur cette île. Aujourd'hui, l'île est surtout connue pour deux raisons.

Le Touriste du Dimanche - Journal De BordWhere stories live. Discover now