13e épisode : Bougouni

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Lorsque je suis arrivé à Bougouni, un dénommé Sidi est venu me chercher pour m'amener vers mon hébergement

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Lorsque je suis arrivé à Bougouni, un dénommé Sidi est venu me chercher pour m'amener vers mon hébergement. Petite explication : lorsque j'ai annoncé à ma mère que j'allais passer par Bougouni pour mon petit tour du Mali, elle m'a appris que le petit frère de mon grand-père y résidait. Même si je ne l'avais jamais vu avant, elle m'a convaincu que cela lui ferait très plaisir que je dorme chez lui.

Seulement voilà, le grand-père en question n'a pas du tout décroché son téléphone (c'est lui qu'elle essayait d'appeler la veille). C'est grâce à l'ami d'un des frères de ma mère que nous avons réussi à trouver quelqu'un qui pourrait m'y amener le jour-même. Ce qui est bien au Mali c'est que tout le monde se connaît, il suffit d'avoir le nom de famille et le métier de la personne pour savoir où elle habite.

Je me suis donc pointé avec Sidi, chez une partie de ma famille que je n'avais jamais rencontré. En me voyant ils ont reconnu les traits de mon visage et m'ont demandé qui étaient mes parents.

Il s'en est suivi de longs moments d'émotion du fait de cette première rencontre. J'ai été réellement surpris de voir que le frère de mon défunt grand-père lui ressemble comme deux gouttes d'eau, jusque dans le timbre de la voix et les expressions. J'ai ensuite rencontré mes oncles et tantes vivant au sein du "dou ba" (mot qui veut dire "grande famille" et qui désigne généralement un foyer où sont rassemblés plusieurs générations de la même famille, un lieu de rassemblement).

Après toutes les plaisanteries possibles sur ma domiciliation en France et mon accent en bambara, je me suis assis avec mon oncle Samba pour discuter. Le courant s'est coupé à ce moment-là. Apparemment c'est une chose courante dans la ville, mais ce n'est toujours que pour quelques heures.

Une trentaine de minutes plus tard ma chambre était prête. C'est l'une des choses que je trouve magique au Mali, à défaut d'organisation et de fiabilité les gens sont vraiment disponibles et accueillants. Je suis de la famille, mais mon oncle Samba m'a appris qu'il arrivait que des étrangers passent une ou deux nuits chez eux avant de reprendre la route.

Après le dîner j'ai beaucoup discuté avec mon oncle devant la porte du dou ba. J'en avais parlé dans l'épisode sur les coiffeurs, les Maliens aiment se détendre assis devant leur maison pour discuter, boire du thé et parfois jouer aux cartes. Les étoiles étaient très visibles ce soir-là. Ça doit être le cas tous les jours dans cette zone.

Nous avons passé trois heures à parler des problèmes du Mali, de la relation Françafrique et d'anecdotes drôles sur le pays. Je suis allé me coucher après ça. Tonton Samba m'avait proposé de l'accompagner sur ses chantiers, pour qu'il puisse me faire visiter la ville et les environs !

Vers 5h j'ai été réveillé par l'appel de la mosquée. J'ai essayé de me rendormir après ça et quand j'y suis finalement arrivé ce sont les coqs qui ont commencé leur chant. C'est pratique d'avoir la nature et le calme à proximité mais le moindre bruit extérieur devient vite dérangeant.

Lorsque je suis finalement sorti de mon lit vers 7h, je suis allé dire bonjour à chacun de mes oncles/tantes. Le matin au Mali, les moins âgés se déplacent pour saluer leurs aînés.

Mon oncle Samba ne s'était pas encore réveillé. Lorsque je l'ai vu j'ai regretté de ne pas avoir dormi quelques minutes de plus. Après sa toilette nous sommes montés dans sa voiture et avons commencé la tournée des chantiers.

Il m'a expliqué avoir obtenu l'appel d'offre pour la construction de canalisations qui apporteraient l'eau dans des quartiers non desservis actuellement. Le projet se fait en collaboration avec des ingénieurs chinois venus leur apporter leur savoir-faire. En attendant l'arrivée de l'eau, les habitants de ces quartiers vont la chercher dans des puits situés à proximité ou jusqu'au fleuve.

Les ouvriers étaient très sympathiques, l'un d'entre eux, Samake, m'a interpellé en me demandant d'où je venais. Question classique (je comprends un peu mieux les expat à Paris 😅). Il m'a expliqué en détail les travaux qu'ils effectuaient. J'ai ainsi appris que le château d'eau était surnommé "Commandant Koulou". Il se nomme ainsi en raison de sa localisation, "koulou" = "montagne". Pour le "commandant" pas d'explication 🤷🏾‍♂️

Nous sommes ensuite allés au lieu où se déroule habituellement le festival international de Bougouni, un évènement organisé par un expatrié italien qui tient un hôtel dans la ville. Sur le chemin nous nous sommes arrêtés pour qu'il puisse donner de l'argent à l'un des ouvriers de son chantier dont la femme était malade. A défaut de système de santé certains patrons sont très arrangeants avec leurs employés. D'ailleurs j'ai appris que ses ouvriers n'avaient pas d'horaire, chacun d'entre eux étant libre d'arriver et de partir à l'heure qui les arrange. Nous avons bien ri en comparant ce système au pointage de chez McDo.

Le lieu du festival donnait directement sur le fleuve. Même en chantier j'ai pu ressentir les efforts de mise en scène de l'organisateur. J'aimerais vraiment voir ce lieu plein de vie.

En partant j'ai appris que le niveau de l'eau lors de la saison des pluies montait très haut. Amusé, j'ai pris une photo à l'endroit exact où l'eau s'arrête.

Nous avons terminé la visite par le musée de Kola, le seul des trois endroits que je voulais visiter qui était accessible. Les croco n'étant présents que lors de la saison des pluies et les plaines de Samory étant dans une autre localité, à Wassoulo. C'est d'ailleurs de là que mes ancêtres viennent. Je voulais m'y rendre mais faute d'organisation ce sera pour plus tard.

Mon avis sur le musée de Kola est mitigé. D'un côté j'ai appris des choses sur les fétiches du musée et l'histoire de la ville, de l'autre j'ai été déçu de l'aménagement et de la présentation de ces objets culturels d'une grande valeur. J'étais supposé y trouver de nombreux fétiches disposés dans un musée atypique. Seulement, leur construction en banco n'a pas résisté aux pluies torrentielles d'août. Ils ont donc dû recommencer, avec du ciment cette fois.

J'ai quand-même pu prendre des notes sur la manière dont les sorciers tuaient des gens et comment d'autres personnes les arrêtaient. Dans les histoires et traditions maliennes, avant l'arrivée de l'islam, il y avait une grande part de mystique. Les Maliens étaient alors fétichistes. J'ai appris par exemple que certains sorciers pouvaient se téléporter d'un pays à un autre grâce à un "shou-bara avion" (avion de sorcier) qui ressemble à un petit bout bois entouré de fils. Je ne vous en dis pas plus pour le moment car ces éléments interviendront lors d'un très gros racontage 🙃

Le Touriste du Dimanche - Journal De BordDonde viven las historias. Descúbrelo ahora