Feuille Blanche

Lune d'insomnie

Il y a des soirs comme celui-ci
Où elle veille sur la ville endormie
Dans ses longues nuits d'insomnie

Elle s'assoit à sa fenêtre
Les yeux brumeux, le cœur en fête
Et elle laisse un sourire naître
Au rythme de la musique qu'elle a en tête

Elle balance ses pieds dans le vide
Nargue l'apesanteur
Et son masque si rigide
Tombe avec lenteur

Et parfois lorsque l'allégresse
Lui monte aux lèvres et la transperce
Elle s'autorise quelques folies
Fredonnant tout bas ses mélodies

De sa voix de miel, elle chante
Pour la lune ronde et brillante
Elle sait qu'elle peut lui faire confiance
La lune gardera ses confidences

Comme une vieille amie
À qui l'on confie ses secrets
Elle chante ses peurs, et ses regrets
Pour l'astre pâle qui compatie

Et pendant cet infime instant
Le temps se suspend
Les notes volent vers les aiguilles immobiles
Le sablier retient les grains des îles

Elle oublie ses malheur
Oublie ses peine et ses peurs
Oublie que tourne l'heure
Vers un lendemain destructeur

Puis sa voix s'éteint
Et la lune en déclin
Laisse place au blafard matin

Elle doit aller en cour
La vie reprend son cour
Et le temps la rattrape, alors elle court.