"Miroir, mon beau miroir,
Dit moi, qui est la plus belle ?"Il reste muet
Alors j'effleure mon reflet
Visage en fleur fanée
Le dégoût dans ses yeux m'effraieEst-ce que c'est moi, ou ce monde que je hais ?
Les critères de beauté
De cette société de consommation
Tous les standards de perfectionJe crache sur ces femmes qui me font complexer
Mais j'aimerais tant leur ressembler
Avoir un tour de taille en moins
Une meilleure mine, un meilleur teintJ'aimerais être moins moi, un peu plus elles
J'aimerais être moins moi, un peu plus belleJe ne me reconnais pas en ces princesses
Aux corsets serrés, aux ventres plats
Moi c'est derrière une silhouette épaisse
Que mon coeur batAh ! "Princesse"
Mot paré de splendeur, de beauté,
De douleur, de tendresse
Je me suis saoulée, de sa sonorité
Et de son sens qui plait et blesseOh oui, il fait mal,
Il est violent, fatal,
Surnom qui renvoie
À ce que tu dois être, que tu n'es pasOn m'a déjà appelée "princesse"
J'ai bu ce nom jusqu'à l'ivresse,
Pour finalement le revomir sur le carrelage
En comprenant que ce n'était qu'un mirage"Ils t'ont menti" me souffle le miroir
Et je le savais quelque part
Mais je voulais tellement y croireC'était un doux mensonge acidulé
Et à pleine dent j'y ai croqué
Comme dans une pomme empoisonnéeEssoufflée devant la glace de la salle de bain,
J'ai revêtit ma rage et mon chagrin,
J'ai griffé mon visage, tiré mes cheveux, fermé les yeux,
Pour essayer de ne plus me voir, pour essayer d'aller mieuxAh ! Si seulement je pouvais...
Découper mes bourrelets aux ciseaux
Élargir mon sourire au couteau
Me glisser dans une autre peau
Je ne vois que mes défautsIl faut souffrir pour être belle,
Je souffre de ne pas l'être
Je jalouse la beauté intemporelle
De toutes ces femmes dans le paraîtreJe leur laisse la gloire et la couronne,
Mon corps, je l'abandonne,
Et mon âme, je leur vend, je leur donne !
Si ça me permet de marchander
Un soupçon de beauté
Un reste poussiéreux et oublié
De cette splendeur que je n'ai jamais possédéeJe veux être belle à en crever,
Je mourai seule, aigrie et envieuse
Loin de ce don amer et sucré,
Qui, dit-on, rend les filles heureusesLe sort est fatal et acharné
J'ai fuis les princes et les palais,
À quoi bon attendre, éplorée ?
Je sais que personne ne pourra me sauverCar ce n'est pas une princesse, que je vois dans le miroir,
Juste la méchante reine de ma propre histoire.
VOUS LISEZ
Feuille Blanche
PoetryLa solitude et le silence ont fait naître ces poèmes, pour combler la feuille blanche.