Des phares dans la nuit

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Il y de ces soirées où rien ne va,
Où tout nous semble terne et gris
Il y a de ces soirées où on s'en va
En marchant seul sous la pluie

C'était l'un de ces soirs si durs
Où la solitude nous emmure
Où le silence nous transperce
Et où la nostalgie nous berce

Dormir est alors impossible
Et dans ces longues nuits glaciales
Le repos nous semble inaccessible
Et le bonheur bien trop brutal

J'errais dans les rues
Simple ombres dans la nuit
Comme une pauvre âme perdue
La solitude pour seule amie

Je laissais danser mes pieds
Qui me guidaient dans la nuit noire
Sans aucune sécurité
M'abandonnant, à la chance et au hasard

Bien trop libre sur ce muret
Au bord du vide, sur ce pont
Si j'avançais le pied
Il m'aurait suffit d'un bond

Et j'hésitais, me questionnais,
Bien trop tentée, trop attirée
Trouver le paradis ou quitter l'enfer
La vie, que m'avait-elle offert ?

Des souvenirs en lambeaux
Et des visages en morceaux
Revinrent dans ma mémoire fatiguée
Comme si l'eau était un miroir de vérité

Je les aimais ces gens, plus que tout,
Mais ce soirs, ou étaient-ils ?
Alors que j'étais, immobile et debout
Ma vie ne tenant plus qu'à un fil

Un grain de sable sur la plage,
Une goutte dans l'océan
Une étoile là bas au large
Simple pierre parmi les diamants

Je n'en pouvais plus,
La surface de l'eau semblait m'appeler
Et alors que je ne l'attendais plus
Un miracle est arrivé

Une voiture a ralenti
Conduite par un mystérieux inconnu
Doucement il m'a sourit
Puis il est descendu

J'ai pris peur, j'ai reculé
Comme si son attention m'avait brûlé
Mais il c'est assis près de moi
Comme s'il était naturel d'être là

Alors méfiante, j'ai fait de même,
Silencieux, les yeux rivés sur l'horizon
Il n'y avait aucune gêne,
Nous partagions la même prison

Il me rassurait de sa présence
Nos solitudes se rencontraient
Plus rien n'avait de sens
Ou alors tout en prenait

Combien d'heures ont passé ?
Pas même une, ou une infinité,
Le temps semblait s'être arrêté
Pour nous laisser dans notre éternité

Il c'est levé,
Je l'ai suivit
Un lien soudain noué
Entre deux amis, vieux d'une nuit

Il m'a serré dans ses bras,
Sans que je ne demande rien
Et il a murmuré tout bas
Qu'un jour tout irait bien

Il devait être un peu sorcier
Pour si bien lire dans les esprits
Pour savoir dire sans parler
Les mots attendus toute une vie

Peut-être était-ce un ange gardien
Descendu sur terre juste pour un soir
Et j'avais croisé son chemin
Par chance ou par hasard

Je crois bien qu'il m'a sauvée
Et je crois bien qu'il l'a compris
Je n'étais plus seule et hantée
Par cette douce mélancolie

Il c'est retourné
Et sa voiture l'a englouti
Comme lui avait happé
Ma solitude et mon ennui

Puis la voiture c'est éloignée
Et l'inconnu est parti
Pour ne plus laisser
Que des phares dans la nuit.

Feuille BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant