Regarde toi, supplier sous le toit de la déesse que tu déshonores
Dans ce temple d'ivoire et d'or
Tu oses me prier encore
À mes pieds tu pleures et imploresTes larmes sont salées
Comme la mer de mon ennemi
À ses bras tu t'es abandonnée
Sur mon hôtel devenu litTu demandes mille pardons,
La robe déchirée et le sein nu,
Je te donnerai mille raisons
De regretter de lui avoir pluTa chevelure dont tu étais si fière
Ne sera plus que serpents sifflants
Couleuvres, pythons, vipères
Venimeux et méchantsTu subiras l'humiliation
Tu vivras dans le mépris
Tes serpents et leur poison
Pour seule compagnieTu n'auras aucune entrave, aucune barrière,
Tu seras libre mais prisonnière
Car tu ne pourras te montrer à la lumière
Sans recouvrir les coeurs de pierreTu as été désir des hommes,
Tu seras désormais leur cauchemar
Tu plongera dans un éternel somme
Celui qui t'effleure du regardPour goûter à l'infime régal
De ta beauté infernale
Au plaisir éphémère,
De ta beauté meurtrièreIls finiront paralysés de peur,
Statufiés de stupeur
Pétrifiés par ton charme destructeur
Volatil instant de terrible bonheurNul ne pourra te regarder sans en payer le prix,
L'image de tes yeux bercera leur agonie
Tu ne pourras serrer dans tes bras que des corps de granitEt leurs visages immobiles
Si cassants et fragiles
Se déferont avec le temps,
Usés par la mousse, usés par le ventLeurs figures figées
Sur l'esquisse d'un cri muet
Sera le miroir le plus vrai,
De ton horreur, de ta beauté
De ta splendeur défiguréeJe te condamne à l'exil,
Pars, fuis, rampe comme un reptile
Retournes à la poussière et à la boue
Et crains mon insatiable courrouxUn héro que j'aurais moi même armé
Viendra à toi, pour laver ton affront
Tu seras vaincue par ton propre reflet
Telle est ta malédiction
Et quand ta tête pour trophée,
Faisant trembler d'entières légions
Ornera mon bouclier,
Alors seulement, je blanchirais ton nomMédusa,
Prêtresse profane,
Souillure sacrée
Monstre sublime
Pieuse infidèleCoupable d'être victime,
Tu mouras d'être belle.
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Feuille Blanche
PoetryLa solitude et le silence ont fait naître ces poèmes, pour combler la feuille blanche.