On m'a dit

52 9 5
                                    

On m'a dit. Tant et tant de chose que je m'y perds. Des vérités, des mensonges, des conseils, des conneries.

On m'a dit que la douleur n'était pas éternelle. Qu'elle finirait par se lasser, par me laisser. Qu'elle s'estomperait avec le temps. En attendant, elle m'harcèle, sans relâche, si cruelle.

On m'a dit que tu étais lambda. Qu'il y en avait mille des comme toi. On m'a dit que ton visage s'effacerai, que ta voix se perdrait dans le néant de ma mémoire. Mais c'est faux tu sais. Tu es gravée sur ma peau, marquée au fer rouge sous ma rétine, tant et si bien que je peux encore te voir. Et c'est d'une violence infernale, si douce qu'elle en fait mal.

On m'a dit d'aller me perdre dans d'autres lits, d'aller pleurer sur d'autres épaules ma mélancolie. D'aller étouffer mon chagrin dans d'autres bras, d'aller m'échouer dans d'autres draps. Seulement, ces étreintes n'ont pas ta chaleur, elles m'éreintent dans leur froideur. Et au matin, je cherche un peu de toi, dans chaque visage que je vois. Dans chaque sourire, dans chaque regard, dans chaque voix. Et je me trouve chaque fois, un peu plus seul, un peu plus las, en découvrant sans surprise que tu n'es plus là.

On m'a dit de t'oublier, parce que tu n'allais pas revenir. On m'a dit de vivre, d'arrêter d'essayer de te retenir. On m'a dit qu'il fallait que je cesse de m'accrocher à ton souvenir. Pire ! On m'a dit qu'il fallait que je te laisse partir. Que je lâche prise, te libère de mon emprise. Prisonnière de mon amour, j'aurais voulu que tu restes pour toujours. Je te veux près de moi, jusqu'à m'en rendre malade, jusqu'à m'en rendre fou. Jusqu'au sang, jusqu'aux larmes, jusqu'au drame, jusqu'à faire revivre le "nous".

Je t'aime, je t'adore. Je t'abandonnerai volontiers tous mes trésors. Je t'attends, désespérément, je t'attends encore. Depuis toi je pue la mort. Dis moi ce que je dois faire, et ta volonté sera. Si je dois croiser le fer, croiser le bois, si je dois crever en enfer, ou t'ouvrir grand les bras. Je serai l'ange et le démon, l'antidote et le poison. La colombe noire, le corbeau blanc, le désert de neige, et le glacier brûlant. Je serai l'étoile filante, l'étoile de mer, je serai doux, je serai amer. Je me parerai de milles chaînes, dont tu seras la seule clé. Tu seras ma reine, je serai à tes pieds. Tout ce que tu voudras, pourvu que tu reviennes. Tout ce que tu voudras pourvu que tu sois mienne.

On m'a dit cent fois, que ça ne rimait à rien. Que tu ne reviendrai pas, que tout cela était vain. On m'a dit que les pierres n'ont que faire des promesses et des prières. On m'a dit que tu étais au ciel ou que tu étais sous terre. Qu'il t'as poussé des ailes ou que tu es redevenu poussière.

On m'a dit, on m'a dit, on, on, on, on ! On est un con.

Moi, je sais que tu m'entends. Reviens moi vite car je t'attends.

Feuille BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant