Je ferai de l'enfer mon paradis

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Je ne suis pas née pour me plaindre
Mais je ne suis pas née pour souffrir
Évidemment que je vais m'éteindre,
Mais ce sera avec le sourire,
Après une vie a craindre,
Une vie à s'enfuir
Une vie à feindre
Une vie à mentir
Enfin le sommeil va m'étreindre
Après n'avoir fait que me fuir
Plus personne pour me contraindre
Lorsque Hadès m'ouvrira son empire

Dans les jardins D'Asphodèle
Près des morts et de leur dieu
Je prendrai mon repos éternel
Sans même un adieu
Pour ce monde artificiel.
Je brulerai mes yeux,
J'éteindrais mes prunelles
Sur ce plafond sans cieux,
Sur cette voûte sans ciel
Et mes souvenirs les plus vieux
Deviendront l'essentiel
Lorsque mon regard pluvieux
Laissera pleuvoir mes larmes en perle

L'enfer c'était ce monde
Tissé de mensonge et de haine
Et le paradis c'est ma tombe
Droite et froide comme une reine
Pleurez donc dans son ombre
Vous que l'ignorance gouverne
Et taisez vous dans le nombre
Comme vous l'avez fait par centaine
Ici chantent les colombes
Qui librement vont et viennent
Rien qui retient, rien qui encombre,
Plus de douleur et plus de peine
Ce royaume de vie en décombres
Me rend légère et sereine
Pendant qu'en haut tous coulent et sombrent
Ici la paix est trop ancienne

Et quand je me serai longtemps promené
Dans ces plaines, dans ces prairies
Alors que je ne faisait que errer
Durant le temps de ma vie,
Lorsque je sentirai
Que ma place n'est plus ici,
Je retournerai aux côtés,
Du seigneur si craint qui m'a recueilli
Il me montrerait le chemin sans parler
Comme un père comprend sa fille
Lentement, je m'avancerai,
Reconnaissante et polie,
Et mes pieds me conduiraient
Au lac de l'oublie
J'y plongerai, me laisserai sombrer
Et quand retentiront vos cris
Essayant de m'arrêter
Mon âme et mon esprit,
Déjà seront noyés
Après tout qu'est-ce qu'une vie
S'il l'on ne peu s'en rappeler ?

Feuille BlancheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant