Nana

Chapitre 24

Mia

dimanche, 15h02.

Je soupire et m'affale sur le canapé en prenant mon téléphone. Je suis crevée et j'ai beaucoup trop mangé. On a longtemps discuté tous les six et Thomas et Anna m'ont ramené chez moi il y a une vingtaine de minutes.

En revanche, Mathieu ne m'a rien envoyé depuis hier, pourtant il est connecté sur snap donc ça veut dire qu'il est réveillé.

Je fais pitié à le pister comme ça, lui il s'en bat les couilles de moi et moi je l'espionne comme une psychopathe. C'est ridicule.

Je fais un petit tour sur Instagram, et mon rythme cardiaque s'accélère lorsque je vois qu'un garçon que je ne connais pas vient de m'envoyer un message.

De : flavio.tyb

- slt ça va ?

À : flavio.tyb

- oui, on se connaît ?

De : flavio.tyb

- nn
- fin je suis en terminale ES à Paul Bert

À : flavio.tyb

- ah

De : flavio.tyb

- c vrai que t'envoie des nudes ?

Un rire nerveux m'échappe, parce qu'il a certainement dû se tromper de Mia, c'est pas possible autrement.

À : flavio.tyb

- pardon ????

De : flavio.tyb

- mdr pardon j'avoue c un peu direct
- mais bon tt le monde m'a dit ça

À : flavio.tyb

- tout le monde c'est qui ?

De : flavio.tyb

- bah tous mes potes
- mais tsais c pas grave toutes les meufs le font
- t'as pas à avoir honte tu fais ce que tu veux

À : flavio.tyb

- mmmmmmdr
- bien sûr que je fais ce que je veux
- mais est-ce que tu peux me dire qui balance des choses comme ça sur moi ?

De : flavio.tyb

- jpeux pas jsuis pas une balance
- vrmnt dsl de t'avoir dérangé mdr

Je repose mon téléphone et prends un coussin pour l'écraser contre mon visage. J'ai envie de m'enterrer six pieds sous terre.

J'espère que c'était juste une blague, genre un pari entre potes, et rien d'autres. Mon cœur bat toujours super vite, j'ai envie de pleurer, je tremblote. Je sais que je panique beaucoup trop vite, mais je suis en train de m'imaginer que pleins de mecs me prennent pour une fille qui envoie des nudes à n'importe qui, et ça me tracasse beaucoup.

Je ne sais pas quoi faire. J'avais prévue de passer l'après-midi devant un film, sous ma couette, avec un chocolat chaud. Mais là, j'étouffe. J'ai besoin d'en parler à quelqu'un, mais Louise n'est pas là.

Sans réfléchir, j'envoie un message à Nabil, et je sens qu'une larme coule le long de ma joue.

À : Nabil