Chapitre 45 : Se faire pardonner

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 Sortant de la petite maison, Syara resta devant la porte tandis que Fos se rendait jusqu'à la balançoire où était assise Cristal. La beast vit que la jeune elfe souriait à son approche, mais arborait une expression emplie d'inquiétude en se rendant compte que sa tortionnaire était encore là.

La violoniste vit l'esprit du violon s'agenouiller pour parler à Cristal tout en étant à son niveau. Elle ne semblait pas vraiment rassurée à l'idée que Syara s'approche d'elle pour lui parler, mais avec un timide hochement de tête, elle comprit que Fos avait réussi à la convaincre. Pour confirmer ce qu'elle avait deviné en les observant, le premier porteur contemporain du violon se retourna vers la beast et lui fit un signe de la main pour l'inviter à approcher.

À chacun de ses pas, elle la voyait se crisper un peu plus. La présence de Fos à ses côtés devait être la seule chose qui l'empêchait de prendre ses jambes à son cou comme elle l'avait fait la première fois.

— Bonjour Cristal, sourit Syara en s'agenouillant devant elle.

— Bonjour, répondit-elle d'une petite voix.

Les jambes croisées sous l'assise de la balançoire, les deux mains s'agrippant à la même corde et le corps penché du côté de Fos, la jeune elfe n'avait clairement pas envie de parler avec elle. Au moins, elle ne s'était pas enfuie, c'était déjà ça.

— Fos m'a expliqué qui tu étais et ce que je t'avais fait. Je suis vraiment désolée de t'avoir fait du mal. J'avais conscience que quelque chose n'allait pas quand j'utilisais le violon corrompu, mais je ne savais pas que ça affecterai quelqu'un comme ça. Tu peux être certaine que je n'utiliserai plus ce pouvoir.

En entendant cela, Cristal se détendit quelque peu. Elle restait malgré tout silencieuse et réservée, comme la Cristal originelle devait l'être avant de rejoindre la rébellion.

— Je voulais aussi te remercier. C'est grâce à toi et à ton violon qui m'a été confié que j'ai pu accomplir de si grandes choses. Sauver Sae, Phi, la sirène. C'est parce que tu as accepté de me confier tes pouvoirs que j'ai pu combattre ma mère et empêcher l'invasion des anges. Pour tout ça, merci.

— Je... De rien, répondit-elle d'une petite voix. J'aime beaucoup ta musique et comment tu l'utilises pour faire le bien autour de toi. Tes amis sont aussi très gentils. Même quand tu n'as pas ton instrument auprès de toi, je vois tout ce qui se passe et je m'imagine parfois avoir un corps pour pouvoir être moi aussi auprès d'eux.

— Je suis certaine que Phi t'adorerai, sourit la beast. Fos m'a fait comprendre que la toi qui avait combattu la tyrannie du roi des elfes en était venue à la conclusion que la seule barrière aux pouvoirs de cet instrument était son imagination. Je ne suis certainement pas aussi douée qu'elle et, n'ayant pas obtenu cet instrument grâce à la cérémonie de l'âme, je suis moins puissante, mais je pourrais tout de même essayer de trouver un moyen pour que tu puisses interagir avec eux.

— Ça serait super ! s'exclama-t-elle avec entrain avant de se reprendre presque immédiatement. Mais Fos a déjà essayé et n'a pas réussi.

— Au contraire, c'est une bonne nouvelle, intervint le violoniste. Vu que je m'y suis déjà essayé, cela veut dire qu'elle n'a pas à partir de zéro. Je pourrais l'aider en lui indiquant les pistes prometteuses que je n'ai pas pu tester et celles qui ne mènent à rien pour qu'elle ne perde pas de temps dessus.

— Il ne me reste pas beaucoup de temps avant que quelqu'un ne vienne me sortir de ce monde, mais je te promets d'essayer de te faire venir dans le mien. Aussi, je comprends que tu ne veuilles pas me pardonner après ce que je t'ai fait. Malgré tout, si tu l'acceptes, j'aimerai tout de même continuer à jouer, à la fois pour toi et pour protéger mes amis. Nous allons commencer une mission qui consistera à protéger Sae dans des villes qui lui sont hostiles et si je ne peux pas faire appel aux pouvoirs du violon, elle pourrait être en danger. Je sais que ça peut ressembler à du chantage pour toi, mais je tiens vraiment à la protéger et ça n'est qu'avec ton aide que je pourrais le faire efficacement.

— Tu ne savais pas que ça me faisait du mal. J'étais triste que tu m'aies fait ça, mais une partie de moi était aussi heureuse que Rael s'en soit sorti. Au moins, tu ne m'avais pas fait du mal pour rien.

— Maintenant que je sais qu'utiliser le violon corrompu, que ce soit moi ou l'autre, te fait du mal, tu peux être certaine que je redoublerai d'efforts pour me contrôler et t'éviter cette souffrance. Je te protégerai comme je cherche à protéger tous ceux qui me sont chers. Alors, veux-tu bien m'aider ?

— J'ai entendu ce que Sae veut faire. Je veux aussi que les harpies puissent vivre avec tout le monde. C'est d'accord !

Tandis qu'elle entendait sa réponse, Syara sentit son lien avec ce monde se perdre. Quelqu'un était en train de la réveiller.

— Je vais devoir y aller, mais je te promets que je repasserai pour te rendre visite !

— Au revoir et bon courage ! Je suis de tout cœur avec toi !

Si Syara était arrivée en présence d'un Fos aux airs réprobateurs et d'une Cristal terrifiée, elle était heureuse de voir qu'elle repartait alors que l'un comme l'autre arboraient un large sourire. De son côté, la beast avait pu apprendre beaucoup de choses sur son violon et avait, normalement, récupéré ses pouvoirs en plus d'avoir fait une très belle rencontre.

Alors que son esprit disparaissait peu à peu du monde de Cristal, une pensée lui vint en tête. Elle était initialement venue pour parler avec Fos et comprendre pourquoi ses pouvoirs étaient défaillants. Elle avait certes eu sa réponse et en prime réglé le problème, mais elle ne pensait pas non plus y passer toute la nuit. En retournant dans son corps, allait-elle se sentir en forme comme après avoir véritablement dormi ou serait-elle fatiguée comme après une nuit blanche ? Elle n'allait pas tarder à le découvrir et craignait déjà la réponse à cette question.

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant