Chapitre 121 : Filles de princesse

145 32 5
                                    

 Suite aux nouvelles explications du baron, Syara était sous le choc. Il les avait reconnues, elle et sa sœur, parce qu'elles ressemblaient à leur mère ? Tout ceci n'avait pas de sens ! Rien dans leur apparence ne trahissait une quelconque ascendance angélique. Elle-même se considérait comme étant de la race des beasts et exposait avec fierté les traits hérités de son père. De plus, il était déjà arrivé à la violoniste de croiser des personnes qui lui ressemblaient fortement. Cela ne voulait pas dire, pour autant, qu'elles étaient sœurs et que sa mère avait d'autres enfants cachés !

— Tout ceci va nous compliquer la tâche, réagit Elirielle qui menait toujours la discussion au nom du groupe. Si chaque ange est capable de les reconnaître, nous pouvons faire une croix sur la discrétion.

— Tant que vous ne vous approchez pas des chefs des grandes familles, cela ne devrait pas poser de problème, les rassura le baron. Nous sommes très peu à avoir pu côtoyer la princesse Anela.

— Voilà qui est rassurant. En faisant attention nous...

— Attendez, stop, temps mort ! Les arrêta de suite Syara. Comment ça princesse ?

— Vous ne le saviez pas ? S'étonna le baron.

— Pour moi c'était une parfaite inconnue jusqu'à ce qu'elle m'enlève, répondit Elyazra.

— Et pour moi c'était une tortionnaire qui m'a maltraitée pendant toute mon enfance jusqu'à ce que mon père m'éloigne d'elle et mette tout en œuvre pour me protéger. Il y a laissé sa vie. Nous n'avons appris ses véritables origines que le jour où elle a décidé d'ouvrir le portail. Comprenez donc bien, avant de continuer de parler d'elle, qu'il s'agit de la personne que je déteste le plus au monde.

— Et même si je ne l'ai connue que quelques jours, pour ce qu'elle a fait à ma sœur pendant son enfance et ce qu'elle a tenté de nous faire ensuite, je la déteste aussi, compléta la demie-dragonne. Pour elle, nous n'étions pas ses enfants. L'une devait servir de réceptacle à son âme pour qu'elle ait l'occasion de récupérer nos pouvoirs ainsi que ses ailes qu'elle avait coupées pour se faire passer pour une humaine, l'autre était destinée à devenir un pantin serviable, un simple outil.

En entendant cela, si le baron se contenta de froncer les sourcils, Élane paraissait, lui, absolument horrifié. Cette réaction permit à Syara de confirmer une première idée qu'elle s'était faite lors de l'échange. Tous les anges n'étaient pas mauvais. Il y en avait des bons et des maléfiques comme il existait ce genre de nuance chez toutes les races.

— Tout d'abord, oui, Anela est une princesse. Elle est la fille de notre roi. Ensuite, j'ai souvent eu affaire à elle lorsqu'elle était encore présente dans ce monde. Elle avait certes un caractère hautain qui faisait comprendre à tout le monde qu'elle se plaçait au-dessus d'eux, mais je ne la pensais pas aussi cruelle.

— De ce que nous avons compris, elle avait été envoyée sur le monde des humains pour faire d'eux de nouveaux serviteurs, intervint la dragonne. Bien qu'influente, elle a fini par perdre le contrôle des croyances qu'elle avait créé pour arriver à son but. Les humains ont fini par se détourner de ces croyances en comprenant de mieux en mieux les lois physiques de leur monde. Est alors arrivé le grand cataclysme. Les races du troisième monde qui se mourrait se sont réfugiées sur celui des humains, causant un grande guerre entre eux. Anela s'est rangée du côté des humains. Nous ne savons toujours pas pourquoi elle déteste autant les autres races, mais lorsque la paix fut signée, elle s'est débrouillée pour déclencher une autre guerre. Même si elle l'a perdue, cela lui a permis de dégoûter tout le monde des avancées technologiques qui avaient détourné les humains de ses paroles. Elle souhaitait sans doute qu'un retour à une époque d'obscurantisme rendrait les gens plus manipulables, mais la technologie a été remplacée par la magie et elle n'a pas pu arriver à ses fins. Nous avons passé des centaines d'années à la mettre en échec pour l'empêcher d'asservir tout le monde.

— De notre côté, nous n'en savions absolument rien, annonça le baron. Nous avons perdu tout contact avec elle lorsqu'il est devenu impossible d'ouvrir un portail depuis notre monde vers le vôtre. Nous ne savions même pas que les races du deuxième monde avaient migré vers le troisième. Le roi n'a jamais révélé son véritable ordre de mission, même à nous, les chefs des grandes familles.

Ainsi, toutes les manigances d'Anela ne se faisaient pas au nom de son peuple, mais dans leur dos, réfléchit la beast. Le roi, trouvant que régner sur un monde n'était pas assez, voulait-il s'en approprier un second ? Et, si Anela était la princesse, cela faisait donc de ce roi leur grand-père ?

— Votre roi a-t-il une quelconque fibre familiale ? Questionna-t-elle avec une idée derrière la tête.

— Difficile à dire vu qu'Anela était sa seule fille. Si vous comptez utiliser votre filiation à votre avantage, je vous arrête tout de suite. Votre tête a été mise à prix pour avoir tué votre mère. Je pense que c'est d'ailleurs à cause de sa mort qu'il veut lancer l'invasion au plus tôt.

— Mais, si notre tête est mise à prix, notre signalement a aussi été donné, donc même ceux qui ne font pas partie des grandes familles pourront nous reconnaître, commenta Elyazra.

— Comme vous le savez, le seul témoin vient d'une famille sous mes ordres. J'ai pu le convaincre de rester flou dans votre description avant qu'il n'aille reporter au roi ce qu'il avait vu. De plus, ils s'attendent à vous trouver sur votre monde, pas ici.

Tout ceci leur enlevait une épine du pied, mais soulevait aussi une question importante. Pourquoi ? Pourquoi, alors qu'il ne les connaissait pas et ne savait rien de l'autre monde avait-il choisi de cacher l'identité de ceux qui avaient tué la princesse ? C'était un non-sens ! Si elle ne remettait pas en cause la bienveillance du baron, elle était à présent certaine qu'il leur cachait quelque chose.

— Je sais à quoi vous pensez, annonça-t-il en balayant du regard ceux qui avaient l'air méfiants. Vous vous demandez pourquoi je ferai ça sans connaître la situation de votre monde.

— C'est effectivement suspect, confirma Syara.

— Je ne peux rien vous révéler moi-même. Je peux cependant vous aiguiller vers celui qui aura les réponses à vos questions et qui sera aussi le plus à même de vous aider dans votre mission. Si vous le voulez bien, j'aimerais que mon fils vous guide jusqu'à une personne bien particulière. Il faut absolument que vous rencontriez le déchu.  

Le violon de cristal : l'autre mondeWhere stories live. Discover now