Chapitre 142 : L'identité du déchu

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 — Le déchu habite dans une grotte ? S'étonna Syara. Après une vie passée au palais du roi et en ayant aperçu les constructions angéliques, je pensais qu'il se serait au moins fait une petite maison confortable.

— Mon père lui a souvent proposé de quoi améliorer son quotidien, mais il a toujours refusé. Même envers des personnes qu'il apprécie, il ne veut rien devoir à personne.

— Mais du coup, on fait quoi ? On entre tout simplement ? Demanda Orélius.

— Bah tu vois une porte sur laquelle frapper pour s'annoncer, toi ? Rétorqua Elyazra.

— à chaque fois que je suis venu, il s'est présenté à nous après quelques pas dans la grotte, répondit Élane.

— Vu le raffut que vous faites, il est même possible qu'il nous attende déjà.

En plus du bruit qu'ils faisaient devant l'entrée de la grotte, il devait de toute façon avoir entendu le violon depuis un petit bout de temps. Vu qu'il n'y avait aucune raison de rester planté là, Syara rangea son instrument et ouvrit la marche pour pénétrer la première dans la grotte. Celle-ci formait un vaste espace abrité de la pluie, mais pas de l'humidité. La pièce naturelle devait faire dix mètres de profondeur et autant de largeur avec une ouverture toute aussi grande, comme s'il manquait un mur.

Au fond, dans la pénombre, la beast remarqua qu'un boyau continuait à s'enfoncer sous terre. Ce devait être là-bas qu'il vivait vu qu'il n'y avait aucune trace de vie dans cette première grotte. Syara prit tout de même le temps d'inspecter cette première salle ouverte, mais n'y trouva vraiment rien et amorça un premier pas en direction du couloir naturel.

À cet instant, une forme se dessina dans l'obscurité. La personne qui s'avançait avait une silhouette parfaitement humaine, sans aucune aile. En continuant à avancer, l'inconnu sortit peu à peu de l'ombre et se révéla à ses visiteurs.

— Je vous présente le déchu, sourit Élane.

— C'est... c'est impossible, souffla Elirielle.

De tous les visiteurs, seul Orélius n'était pas choqué. Même Elyazra restait bouche bée face à cette personne. Syara, quant à elle, ne pouvait s'empêcher de tourner la tête vers ses compagnons pour s'assurer qu'elle n'avait aucune hallucination.

— Bonjour Élane. Cela fait bien longtemps. Comment va ton père ? Questionna-t-il.

— Il va bien, même s'il est préoccupé par la guerre qui se profile. Ces personnes cherchent d'ailleurs à empêcher une telle tragédie d'arriver et sont venues te demander conseil pour trouver la personne qu'ils cherchent.

— Je vois. Et je pense qu'ils n'auront pas besoin d'aller très loin pour trouver celui qu'ils cherchent.

— Fos ? C'est bien toi ? Demanda la dragonne, totalement stupéfaite.

— Bonjour Elirielle, ça faisait longtemps, sourit-il.

Ça y est, Syara n'y comprenait plus rien. Il s'agissait de Fos ? Le Fos de son violon ? Celui qui avait vécu mille ans auparavant ? C'était un ange maintenant ? Pourquoi l'esprit qui se trouvait dans son instrument ne lui avait rien dit ?

— Dites, il est pas censé être mort celui-là ? Questionna Elyazra à la place de sa sœur qui était bien trop choquée pour pouvoir parler.

— Aux dernières nouvelles, si, répondit Elirielle. La seule chose qui expliquerait qu'il soit encore en vie serait qu'il était un ange depuis tout ce temps.

— Vous semblez le connaître, remarqua Élane. C'est lui, le messager que vous cherchiez ?

— Effectivement, c'est bien moi et oui, je connais Elirielle. Bon, où sont les autres ?

— Quels autres ? S'étonna Orélius.

— Eh bien, les autres ! J'ai été assez clair dans mon message. Si nous n'empêchons pas l'invasion, ce sera une véritable catastrophe ! Il faut donc un maximum de monde pour éviter ça.

— Mais il n'y a... Que nous, répondit le demi-dragon.

— Que vous ?! J'imagine qu'un Kiel'Felas a été convoqué et les seuls renforts que j'obtiens, c'est une dragonne, deux hybrides, une fée et une... Je ne sais même pas ce que tu es toi !

Passant outre le fait qu'il avait percé à jour leurs déguisements, Syara s'attarda sur le comportement global de Fos et sur cette énième cachotterie qu'il lui avait faite. Dans une rage contenue, la beast s'approcha du soit disant déchu et, dans un geste aussi fulgurant qu'inesquivable, lui envoya son poing dans la figure.

Ne s'attendant certainement pas à être frappé par les renforts qu'il avait demandés, Fos se retrouva à terre et jeta un regard empli d'incompréhension à son agresseuse.

— Mais elle est pas bien celle-là ? C'est quoi ? Une sorte de chien de garde humanisé ? Tu pourrais le tenir en laisse pour qu'il n'attaque pas ses alliés !

— à vrai dire, elle vient de te sauver la vie, rétorqua la dragonne avec un regard noir. Elle est sans aucun doute la plus légitime pour te donner ce coup, mais si elle ne l'avait pas fait, je m'en serai chargé et tu connais mieux que quiconque la force d'un dragon.

Alors qu'il tentait de se relever et que Syara hésitait à lui en mettre une deuxième, ce fut cette fois-ci au tour d'Elyazra d'intervenir. La demie-dragonne prit Fos par le col, le souleva de terre et le plaqua violemment contre la paroi de la grotte. Ce geste avait surpris tout le monde, Syara la première qui se demandait pourquoi sa sœur intervenait.

— Comment est-ce que tu as appelé ma sœur ? Ragea-t-elle. Vas-y, ose la comparer à un animal encore une fois pour voir !

C'était donc ça ? Même si elle était plutôt mal placée pour réagir ainsi vu qu'elle faisait bien souvent référence à ses origines animales lors de leurs disputes, cela touchait tout de même Syara qu'elle se mette ainsi en rogne parce qu'on avait insulté sa sœur.

De son côté, Élane ne savait pas où se mettre. Son instinct devait lui hurler de ne pas intervenir s'il voulait s'en sortir vivant, mais il se sentait aussi coupable de les avoir guidés jusqu'à cet ami de sa famille.

— Calmez-vous s'il vous plaît ! Implora Phi. Tout le monde est très surpris par ça, mais laissez-le au moins s'expliquer. N'oubliez pas que l'avenir de deux mondes est en jeu !

Suivant la voix de la raison, Elyazra reposa Fos à terre et se détourna de lui. Il n'était malgré tout pas encore sorti d'affaire et se retrouvait encerclé de personnes qui attendaient des réponses avec un regard dur et des bras croisés qui n'avaient, pour lui, rien de très amical.

— Bon, d'accord, d'accord. Reprenons tout sur des bases saines. Qu'est-ce que vous voulez savoir ? céda-t-il.

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant