Chapitre 60 : Panique chez les dirigeants

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 Le signal suivant lancé, le groupe resté caché jusque-là n'attendit même pas que Syara les annonce pour entrer dans la grande salle et s'avancer. Les trois harpies se trouvaient au centre de leur formation, Elyazra et Rael à gauche tandis que Phi rejoignit Guard à droite.

— Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ? Questionna une satyre.

— Le clou du spectacle, annonça la violoniste. Ce que vous vous apprêtez à voir va vous paraître étrange, mais je vous prierais, surtout les mages qui sont parmi vous, de rester calmer.

— La première surprise était époustouflante, j'ai hâte de savoir ce qu'est celle-ci.

— Attendez... Si vous nous avez mené sur la comparaison d'avant, ça n'est tout de même pas parce que...

— Sae, si tu veux bien retirer ta cape et te présenter, l'invita-t-elle en coupant la parole au conseiller pour ne pas qu'il gâche la surprise.

Lentement, comme elle l'avait fait la première fois devant le maire, la jeune impératrice découvrit ses mains, faisant avoir à l'assemblée un mouvement de recul. Elle les porta ensuite au niveau de son visage et abaissa sa capuche, révélant ses traits. Enfin, elle défit le cordon au niveau de son cou et laissa tomber le vêtement ample à ses pieds.

— C'est une blague ? Questionna le conseiller qui s'était montré le plus désagréable pendant le repas en foudroyant Syara du regard. Vous avez trouvé une harpie et vous avez trempé ses plumes dans des pots de peinture, c'est ça ?

— Non non, ce sont bien ses plumes. Sans altération de leurs couleurs.

— Mais vous êtes complètement malades d'avoir amené une impératrice harpie ici !

Le terme était dit et, comme s'ils n'attendaient que ça pour réagir, la plupart des dirigeants se mirent à paniquer. Ceux qui maniaient un instrument lié le sortirent immédiatement alors que les autres allaient se réfugier derrière eux. Seuls quelques rares convives étaient restés à table.

Craignant qu'un sort ne parte à la moindre note, Phi érigea immédiatement un dôme protecteur. Vu qu'ils ne connaissaient pas la nature de leur magie, Syara et elle s'étaient même assurées qu'aucun sort ne pouvait les atteindre à l'intérieur, même s'il venait du sol.

— Et vous la protégez ?! Vous n'êtes que des traîtres !

— Et toi Wallace, tu étais au courant ? Explique-toi ?

— On verra ça plus tard ! Tuons ce monstre avant qu'une armée de harpie n'attaque la ville !

La tête posée dans le creux de sa main et ses doigts pianotant négligemment sur la table, Syara les observa commencer à jouer de leurs instruments. Si chaque mélodie prise indépendamment était plutôt correcte aux oreilles de la beast, il n'en résultait au global qu'une cacophonie qui lui vrillait les tympans.

De puissants sorts de toutes sortes ne tardèrent pas à partir en direction du groupe, mais n'égratigna même pas le bouclier dressé par la fée. Des anges n'avaient pas réussi à le percer et, là encore, Syara s'était assurée personnellement de sa solidité en usant de ses pouvoirs retrouvés. Ils allaient devoir faire bien mieux que cela s'ils voulaient passer au travers de cette protection.

— Dites... À défaut de réussir à percer le bouclier, vous ne pourriez pas au moins jouer ensemble, que ce soit un peu harmonieux ? Se plaignit Syara d'un air las.

Cette pique aussi faisait partie du plan. Tout le monde avait trouvé cette partie bancale, mais Wallace avait insisté pour que la confrontation ait lieu et qu'ils se rendent compte par eux-mêmes que leurs pouvoirs étaient inutiles. Ils devaient s'épuiser un peu avant d'accepter le dialogue.

Comme prévu, certains convives tentèrent discrètement d'atteindre l'une des sorties de la pièce, mais ceux-ci tombèrent sur une paroi lumineuse derrière chaque porte et chaque fenêtre. Phi ne faisait pas que protéger les harpies, elle avait aussi bloqué tout le monde.

Parmi ceux qui n'avaient pas paniqué et qui étaient restés à table se trouvait le beast bovin assis à côté de Syara. Décidément, elle allait de bonne surprise en bonne surprise avec lui. À moins que ses plans ne soient tout autre... Il fallait s'en assurer.

— Vous n'allez pas vous cacher ?

— Vu ma corpulence, me mettre derrière eux ne sera pas d'une très grande utilité.

— Mais vu votre carrure et la place où vous êtes, vous pourriez très bien me prendre en otage ou m'attaquer. Vous n'auriez aucun mal à avoir le dessus sur moi et à me mettre hors d'état de nuire avant que je n'invoque mon instrument pour me défendre.

Bien sûr, esquisser le moindre mouvement agressif dans sa direction déclenchait le scénario où Elyazra sortait de la protection pour lui venir en aide, mais ça, il ne le savait pas. Les deux sœurs avaient beau avoir le même gabarie, l'une avait une force humaine et l'autre était un véritable monstre qui pouvait aisément se confronter aux races les plus fortes physiquement.

— Pourquoi ferai-je ça à la personne qui va peut-être amener la paix avec les harpies ?

— Vous avez deviné nos intentions ?

— Contrairement aux autres, je n'ai surtout pas oublié ce que vous avez dit plus tôt. Une fée ou la paix avec les harpies. Vous avez fait en sorte de nous montrer ce que nous trouvions le plus impossible avant de nous présenter la seconde option.

— Ainsi vous seriez plus enclin à écouter, conclut-elle.

— Ça n'a pas vraiment l'air de fonctionner, constata-t-il en regardant les sorts s'écraser contre le bouclier comme s'il s'agissait d'une simple animation entre deux plats.

— Ils vont bien finir par s'épuiser. Et puis ça leur fait du bien de sortir leur instrument de temps en temps.

Après avoir dit ça, Syara vit ce nouvel ami contenir un léger rire. Soit il se moquait de ses comparses, soit il avait l'esprit mal placé et avait interprété différemment le terme instrument. Ayant elle-même pensé à ça, la violoniste se désola et accusa intérieurement sa sœur de l'avoir pervertie.

— C'est dommage, l'un d'eux s'est même rappelé de ce que j'ai dit, mais a quand même cédé à la panique.

— Il faut dire que la fameuse cerise sur le gâteau est pour le moins imposante !

Ignorant totalement le combat qui se déroulait devant eux ou ne le prenant que comme une distraction, les deux beasts continuèrent à discuter et à rire ensemble en attendant que les mages se fatiguent et déposent leurs instruments. Il prit d'ailleurs de l'avance en demandant comment elle avait rencontré l'impératrice, histoire qu'elle se fit un plaisir de raconter.

Cela prit de longues minutes, mais après avoir envoyé tout ce qu'ils avaient et détruit sans le faire attention tout le mobilier qui n'était pas protégé par Phi, les dirigeants musiciens baissèrent enfin les bras. Le plan allait pouvoir reprendre.  

Le violon de cristal : l'autre mondeWhere stories live. Discover now