L'enfant aux deux visages - 3

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Stupéfaite, Jana ne prononça pas un mot.

- C'est à dire, je me suis faite avoir ? Questionna-t-elle.

Au fond, elle connaissait d'avance la réponse. Mais elle avait besoin de l'entendre de quelqu'un d'autre...

- Le docteur. Tout ce qu'elle veut, ce sont des cobayes pour des expérimentations. Alors, elle attire les gens qui se sentent différents, Mal dans leur peau, et qui sont seuls. Comme ça, personne ne pensera à les chercher.

La jeune fille colla son dos contre les barreaux, soufflée. De nouveau, il fallait croire que la terre entière lui en voulait. Que personne ne l'accepterais jamais. Une larme silencieuse roula sur sa joue, qu'elle essuya d'un geste rageur.

- Je suis Aeryn, et toi ? Demanda le garçon.
- Jana, dit elle simplement.

Ses deux visages se superposaient sans cesse, montrant son trouble. Plus loin, un cri de douleur retentit. Les deux jeunes se crispèrent, plus ou moins conscient de ce qui les attendait pour la suite.
La doctoresse, toujours vêtue impeccablement, vint chercher Jana qui ne résista même pas. Aeryn lui avait déconseillé, et étant donné qu'il était présent depuis plus d'un mois dans le laboratoire, elle avait préféré l'écouter.

La femme la mena sur un lit d'hôpital simple, et l'attacha solidement. Elle approcha ensuite une seringue emplie d'un liquide bleu, et la jeune fille ne pu s'empêcher de détourner les yeux.

- Cela va sûrement piquer un peu, murmura la doctoresse.

Java garda les lèvres pincées, inquiète. Elle senti la pointe pénétrer dans sa chair. Et le liquide emplir son sang. Dès les premières secondes, elle eut les veines en feu et ne put se retenir de hurler. Et avant de s'évanouir, une unique pensée jaillis de son esprit. Lancinante.
Je ne veux pas mourir !

En une semaine de ce traitement, Jana commença à établir un plan pour se libérer. Elle ne pouvait rien dire à Aeryn, de peur que la doctoresse l'entende, mais il avait bien vu qu'elle manigançait quelque chose. Elle allait se servir de ce qui la rendait différente: ses deux visages.

Une nouvelle journée, elle se laissa emmener par la doctoresse, pour la même routine. Mais cette fois ci, elle fit en sorte que le liquide infernal ne contamine qu'un seul visage, et attendit que la femme se détourne pour récupérer une nouvelle seringue. Elle dit alors apparaître son visage de combattante, arracha ses liens, et se jeta sur sa tortionnaire, retournant contre elle la piqure qui lui était destiné.

Elle s'enfuit ensuite le plus vite possible, et libéra un Aeryn surpris.

- Nous avons peu de temps, annonça Jana. Délivrons tous les autres.

Le jeune homme hocha la tête, ses pupilles de chat luisant dans l'obscurité du laboratoire. Des dizaines d'enfants et adolescents furent retrouvés. Ils jaillirent tous en masse jusqu'à l'extérieur, sans que le gardien de l'entrée ne puisse les arrêter. Ils se retrouvèrent tous devant les baies vitrées imposantes, essoufflés.

- Et maintenant on fait quoi ? Demanda une toute petite fille ailée.
- On brûle cet endroit ! Hurla un jeune garçon enflammé.

Tous approuvèrent, et ledit garçon lança une énorme boule de feu sur le bâtiment tant haï. Ils le regardèrent se consumer, et lorsqu'il ne resta plus que des cendres, tous partirent sur la plage.
Jana s'assit, Aeryn à ses côtés.

- Merci, lui murmura le jeune homme. Tu nous as prouvé que nos différences sont une force.

Il jeta un regard circulaire autour de lui, en constata que la plupart des enfants semblaient perdus.

- Personne ne veut de nous de l'autre côté, à quoi bon ? Murmura Jana.
- On peut toujours vivre ici, ensembles. Aucun être normal ne viendra nous chercher, et nous serions libres.

Alors, Jana sourit, fixant ses nouveaux camarades. Sa future famille.
Et, pour la première fois, ses deux visages étaient en paix.

Six Contes pour faire rêver un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant