Aubépine, chevalière confirmée - 2

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Quelques minutes plus tard, Aubépine débarquait avec grand fracas dans la salle des armes. Après avoir conversé avec la Reine, elle s'était enfuie dans son refuge préféré, et, épée en main, commençait déjà à tout fracasser. Un ricanement la fit arrêter subitement son entreprise, et elle tourna la tête vers l'instigateur du bruit.

Le maitre d'armes, personnage controversé au château, sortit de l'ombre en frottant sa barbe. Il ne conservait son poste qu'uniquement grâce à sa gloire passée. Il avait terrassé Uphir, le démon maudit, sauvant tout le royaume. Mais, depuis la mort de son mari Helphébor, il était tombé dans une profonde dépression, et errait la nuit dans les couloirs tel un fantôme.

Aubépine grimaça. Elle était son élève autrefois, et s'attendait à une remontrance pour son attitude plus qu'enfantine. Qui serait très agaçante, mais toutefois bien méritée.

— Dis-moi Jeune Chevalière, quelle chose horrible ce pauvre bout de bois t'a-t-il fait subir ?

— La Reine veut que je lui ramène la tête du Vorax, je grogne.

Il se figea, surpris.

— Oh, tu lui as demandé la main de son fils.

Le maitre d'armes s'approcha d'Aubépine, sa longue cape grise trainant sur le sol. Il prit une lance qui trainait un peu plus loin en main et la fit tournoyer distraitement.

— J'ai pactisé avec un dragon, autrefois.

— Pactisé ? Ces bestioles communiquent ?! s'insurge la jeune fille.

— Tu serais surprise. Enfin, bref. Si tu veux deux trois ficelles, je peux t'en apprendre.

— Vu comme je suis désespérée, j'accepte volontiers...

Il fixa la chevalière quelques instants, puis fit voltiger sa lance jusqu'à elle. Aubépine l'évita à l'ultime seconde d'un mouvement maitrisé. Ce n'était point la première fois qu'il lui faisait le coup. Vint ensuite le corps à corps, où elle évita gracieusement toutes ces attaques.

— C'est tout ? Enonça Aubépine, ironique.

Le maitre d'armes lui sourit mystiquement, ses yeux gris étincelants dans la nuit qui commençait à tomber. Il fit un geste de la main, et un sceau d'eau apparut de nulle part, aspergeant de son contenu la jeune rebelle.

— C'est de la triche ! cria-t-elle en crachotant.

— Je dirais que ça s'appelle être plus malin, souffla le maitre.

Il disparu ensuite en claquant des doigts. Aubépine lança son épée plus loin, repartant en claudiquant dans sa suite. Une armure trempée, c'est lourd ! Et, évidemment, il fallait que le maitre d'armes soit magicien. C'est bien pour cela qu'elle ne lui portait jamais d'attaque. Il les contrait toujours...

Arrivée dans sa chambre, la chevalière se dévêtit et resta nue dans son lit, s'étalant de tout son long. Au milieu de la nuit son Prince la rejoignit sans bruit. Il se contenta de la prendre dans ses bras Les mots lui manquaient, car le lendemain sa fiancée partirait... et peut être ne reviendrait jamais.

Six Contes pour faire rêver un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant