Six Contes pour faire rêver un monstre

Interlude Quatrième

L'écrivaine achève alors sa troisième histoire. Elle souffle doucement, fatiguée. Toujours assise elle se repositionne légèrement, le dos collé à la paroi. Le monstre la fixe, bougeant au gré du vent qui pénètre dans la grotte. Ses muscles, restés longtemps contractés par la peur, la font souffrir. Timidement elle lève les yeux vers la créature, et pour une fois se décide à parler en premier.

— Est-il possible de faire une pause ? Je suis épuisée...

Le monstre, semblant réfléchir, ne répond tout d'abord rien.

— D'accord, je te laisse quelques instants. Mais ne cherches pas à t'enfuir, je te surveille du coin de l'œil !

La créature cligne des yeux, et part flotter un peu plus loin. L'écrivaine se lève, s'étire et fais quelques pas. Ici, elle perd la notion du temps. Elle ne saurait dire depuis quand elle est coincée dans ces roches. Il doit se faire tard, son compagnon va s'inquiéter... Et si le monstre n'est pas satisfait, il pourrait très bien la garder prisonnière. Ou même la manger. Elle se frotte les poignets par nervosité et soupire.

Quelques minutes plus tard, le monstre réapparait.

— Maintenant, je veux une histoire triste.

La jeune femme se rassoit et réfléchi. Il y a bien un bout d'histoire, qu'elle avait écrit il y a longtemps et laissé dans un placard... Avec quelques modifications, elle pourrait se transformer en beau conte tragique.

— Il était une fois, une période que l'Histoire a oubliée...