Bonus - La fabuleuse aventure de Gérard

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Bonjour/Bonsoir ! Il y a quelques temps, j'ai écris une nouvelle nouvelle pour un concours, que je n'ai au final jamais envoyée. Histoire qu'elle ne reste pas dans les tiroirs, je la publie ici car elle reste dans la même dynamique que les autres histoires ;) 
La partie I arrive ci dessous, la partie II demain ! 


La fabuleuse aventure de Gérard, laveur de cabinets et apprenti chasseur de démons


Sept heures moins le quart. Comme tout les lundis, Gérard ramène son balai au placard. Sa mission suivante débute alors. Celle qu'il exècre plus que toutes les autres : le nettoyage des toilettes du premier étage. Généralement utilisée par les spectateurs, ces dernières sont parfois, les lendemains de représentations, dans un état plus que lamentable. Lasse, il se saisit du chariot de ménage, et part en direction de ce qu'il considère être la bataille de Carthage.

Fort heureusement, avant de rejoindre l'abattoir, il a droit à son moment de ravissement. Le gigantesque, énormissime plafond du foyer, représentant Orphée. Chez d'œuvre de l'opéra, il a postulé en tant qu'homme de ménage seulement pour le contempler. La délicatesse des traits ciselés, la beauté de la mosaïque ouvragée. Tout dans ce tableau l'émerveille. Et, comme tout petit étudiant en art, lui donne envie de créer monts et merveilles. Du coin de l'œil, il voit sa chef, Joséphine, monter avec empressement les escaliers. Discrètement, il part en direction des cabinets. Joséphine l'interpelle. Raté.

Elle arrive en quelques pas au niveau du jeune homme. Silhouette élancée, délicate à souhait, qui renferme cependant un tyran digne de l'antique magicienne Circée.

—Enfin Gérard, toujours à glander ? La prochaine fois que je te trouve ici pendant le service, tu as de grandes chances d'être renvoyé !

Le jeune homme voudrait protester, mais la présence de sa supérieure est écrasante. Ancienne ballerine, elle gère à présent diverses tâches domestiques à l'opéra, n'ayant pu se détacher du lieu à la fin de sa brillante carrière. Tout dans son attitude, de son tailleur impeccable à son port altier, rappelle sa gloire passée. Alors, en bon trouillard, il avale sa salive de travers et lui dit ce qu'elle veut entendre.

— Excusez moi Joséphine, vous ne m'y reprendrez plus.

Elle hoche la tête et le jeune homme déguerpi sans demander son reste, direction les toilettes du premier étage.

*

Quelques semaines plus tard. Gérard rêvasse, en astiquant une énième cuvette. Il baille, épuisé. Ses nuits sont courtes depuis qu'l travaille à l'opéra. Il faut toujours arriver aux aurores, pour que tout brille lorsque le personnel, techniciens, danseurs et administration, passent les portes aux alentours de huit heures du matin. Et, bien sûr, l'équipe ménagère doit être le plus discret possible, comme si elle n'existait pas, que ce lieu magique s'entretenait de lui-même. Tout ça pour quelques clopinettes. Mais ces clopinettes, il en a besoin : bien que l'école d'art soit gratuite, ce n'est pas le cas du loyer. Et même s'il est plus que raisonnable, il ne se paye pas tout seul.

Alors, Gérard à du trouver un travail, compatible avec ses horaires de cours improbables. Il a tout de suite pensé à l'Opéra, lieu mystérieux qui l'a toujours fait rêver, pour les nombreuses œuvres qu'il abrite en son sein, que ce soit spectacles, statues antiques ou fresques gigantesques... Il avait postulé pour être ouvreur, pensant ravir les embaucheurs avec sa culture, lui qui fréquente ce lieu depuis tout petit. Il s'est retrouvé relégué aux toilettes, le dernier poste disponible.

Il rabat le couvercle de la cuvette à présent étincelante et soupire, se disant tout de même que cela aurait pu être pire : il aurait très bien pu tomber dans des cabinets de fast-food ! Huit heures sonnent. Il ramène son chariot au placard, enlève ses gants et remet ses vêtements « civils ». Avant de partir en cours, bandoulière autour des épaules, il part une nouvelle fois admirer la grande fresque d'Orphée. Alors qu'il s'extasie devant la précision de la lire représentée au plafond, un bruit sourd lui fait tourner la tête. Surement cette agaçante Joséphine. Mais cette fois, il est dans les règles ! Il n'a pas le temps de protester qu'une masse énorme lui tombe dessus. La dernière chose qu'il entend avant de s'évanouir, c'est un mélodieux « oups ! ».

Six Contes pour faire rêver un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant