Mortelle Malédiction - 1

299 57 5
                                    




           

Il était une fois, une période que l'Histoire à oubliée.  Quatre grands mages, trois hommes et une femme, se battirent contre les trois grands fléaux de l'humanité: l'Orgueil, l'Avarice et la Tentation. Tous furent scellés dans des lieux tenus secrets. Quelques temps plus tard, les « Quatre », comme ils étaient alors surnommés, réussirent l'exploit ultime en capturant la Mort Criminelle et Non-naturelle. Celle-ci, désespérée et folle de rage, elle prononça sa sentence terrible.

« Je vous maudit, vous et vos descendants !

Dans une centaine d'années environs,

Aux seize ans des plus jeunes enfants, mes disciples se libèreront,

Pervertissant votre chair et votre sang,

Un a un, votre progéniture ils tueront

Pour laver cet affront

Et lorsque le dernier des Quatre versera le sang,

Je me libérerais, promettant un sort pire que la mort à cet ignorant

»

Les trois hommes, riant, l'enfermèrent. Ils avaient éradiqué la maladie, les crimes et les accidents, seule la mort de vieillesse était encore présente en ce monde, ce qui leur laissait du temps. Ils continuèrent alors de vivre leur vie insouciamment, avant de disparaitre une centaine d'années plus tard.

La femme, la plus jeune et la plus sage des Quatre, prit au sérieux cet avertissement. Les prophéties se réalisent souvent, et on ne doit pas rire de la Mort. Elle créa alors un talisman pour protéger sa descendance, priant pour que cela suffise.

Et, quatre générations plus tard, une partie de la légende avait disparue des mémoires...

***

Un lieu perdu, condamné il y a des dizaines et dizaines d'années. Des pierres en ruines croulant sous la mousse, envahies par la végétation abondante. Au centre, une tombe s'élevait parmi les autres. Une brume noire s'en échappa et prit forme humaine, drapée dans une cape noire comme l'obscurité. Riant, elle murmura que le jour de la libération était proche.

C'était un beau matin de Janvier. Lucie se levait, réveillée par un rayon de soleil hivernal.

Elle s'étira et sourit. Aujourd'hui était un jour particulier. Elle allait avoir 16 ans. Elle se vêtit chaudement puis sortit de la maison familiale, se retrouvant directement au cœur du village dans une des rues les plus fréquentées. Les échoppes étaient illuminées par des lanternes à bougie, le soleil n'éclairant pas encore assez.

Lucie se hâta. Elle avait rendez-vous avec Uleric, le plus beau garçon de la cité. Son souffle produisait de la buée dans l'air froid, et ses joues étaient rougies par l'effort. Ses longs cheveux blonds flottaient dans la bise matinale, glacée.

Sur le chemin, elle faillit trébucher à cause d'un voyageur, drapé d'une longue cape noire. En colère, elle s'écriât :

—  Mais pour qui vous prenez vous ! Je suis Lucie, la Descendante du Premier des Quatre Grands Mages, vous me devez le Respect !

Le voyageur partit aussi vite qu'il fut apparu, une ombre de sourire sur son visage caché. Lucie était outrée de cette offense. Les commerçants du coin, ayant assisté à la scène, soupirèrent de concert. Cette petite gamine n'était qu'une pimbêche, une fille prétentieuse qui se vantait souvent de sa lignée. Ce genre de scènes arrivait donc souvent. Lucie continua son chemin, encore vexée à cause de ce voyageur imbécile. Elle ne fit donc pas attention à la fumée noire qui la suivait. La brume prit alors possession de la jeune fille, qui ne put lutter. Terrifiée, elle sentit que son corps ne lui obéissait plus. Ses pieds la conduisaient tout droit à la sortie du village, vers le ravin ! Que lui arrivait-il ?

Son corps continua jusqu'au bout. Juste avant qu'elle ne tombe, la fumée noire sortit. Elle poussa un cri puis bascula. Dix heures sonnèrent au loin, à l'église du village. Lucie avait 16 ans. Et se trouvait actuellement au fond du profond ravin, les membres écartelés, le regard sans vie. Ses longs cheveux blonds qui avaient fait sa beauté étaient à présent poisseux de sang. Et c'est devant ce triste tableau qu'Orgueil, le premier des fléaux de retour sur terre, ria de sa première victime, tuée par sa vantardise, alors que la mort n'existait plus.

C'est ainsi que la malédiction prit la première descendante.

Six Contes pour faire rêver un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant