La porte - 1

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Une jeune fille se balade, seule. Rien ne la distingue des autres. Pas bien grande, yeux marrons banals, cheveux bruns communs, poids plume, vêtements passe partout. L'archétype de la gentille petite lycéenne qui se fond facilement dans la masse. Pourtant quand l'on s'approche, on distingue de petits détails. Petits certes, mais qui font la différence.

Un bracelet par exemple, qui aurait plus sa place sur un poignet d'un garçon faisant le double en carrure. De même pour la chaîne argentée à gros maillons. Pas de vernis à ongles, peu de maquillage. Des cernes peu visibles mais présentes quand même. Sur les bras, des marques de fluo. Et ce quelque chose dans son regard. Une lueur dans ses yeux, tout sauf banalement commune. Une espérance d'espoir, d'un événement nouvellement neuf, tout en étant critique quant à la réalisation de la chose.

Ses pas sont légers. Ses pieds la conduisent à sa destination sans qu'elle y pense véritablement. Comme un automate. Elle passe devant un homme, qui se tient devant une porte.

— Dis!

Elle se retourne et le regarde. Simplement, insouciamment, sans se poser de questions.

— Oui?

L'homme est lui un monsieur tout le monde. Cheveux noirs, yeux noirs, peau noire. Taille standard, en hauteur et en largeur.

Une trentaine d'année dit son corps.

Une quarantaine sa posture.

Une centaine sa présence.

Un millier son regard.

Banal, mais plein de petits détails. Il est vêtu complètement en blanc, couleur renvoyant la lumière intensément ce qui le met en avant, et elle se demande comment elle a pu lui passer devant sans le voir vraiment.

— Si tu avais une chance, une seule, de saisir tout ce que tu as toujours voulu, la saisirais tu ? Ou la laisserais tu passer ?

Six Contes pour faire rêver un monstreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant