Chapitre 62

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Le réveil de mon portable sonne à 6h, mais mes yeux sont déjà grands ouverts et contemplent le plafond blanc du salon de l'appartement. Je ne suis pas fatigué, je ressens juste de l'angoisse, de la tristesse et du regret.
Fred a essayé de me téléphoner toute la soirée et une fois qu'il est rentré à l'appartement, j'ai préféré faire semblant de dormir. Je sais très bien qu'il est courant pour ma rupture avec Kendji et je n'avais vraiment pas envie d'écouter son discours habituel sur son dieu.

Je m'assois sur le canapé et prends une grande respiration. Il ne faut pas que Kendji vienne perturber mon cerveau et mon cœur aujourd'hui, je pense qu'en ce qui concerne mes émotions je suis à mon comble. Je vais enfin savoir qui je suis, du moins je l'espère.

Je me lève, attrape un jean et un pull dans ma valise, puis je m'enferme dans la salle de bain. L'eau chaude de la douche me fait du bien, même si j'ai envie de fondre en larmes, je me retiens. Je comptais lui dire oui, mais il n'aurait pas accepté mon désir d'attendre. Il faut que je reprenne ma vie en main, et à commencer par me débrouiller seule. Je dois arrêter de toujours compter sur mes parents ou Fred, non la nouvelle Vic doit démarrer sa nouvelle vie seule.

Une fois prête je bois un café, et m'éclipse de l'appartement sans faire de bruit. Je sais que Fred tenait à m'accompagner mais c'est mon combat et si je veux entamer ma nouvelle vie, je dois également laisser Fred démarrer la sienne, sans que je sois toujours collé à lui.

Les embouteillages parisiens sont horribles, j'ai bien fait de partir en avance. Je me gare dans le parking de l'hôpital où je suis née. C'est la première fois que j'y reviens depuis ma naissance. Je reste quelques secondes dans ma voiture pour reprendre mes esprits et me décide à sortir.

La peur me paralyse de plus en plus que je m'approche de l'hôpital, et mon cœur me fait atrocement mal, je crois qu'il n'a jamais battu aussi vite. Je secoue la tête dès que Kendji traverse mes pensées. Non il faut que je l'oublie.

J'annonce à l'accueil que j'ai rendez vous avec Madame Porter la responsable des adoptions, et on me demande d'aller patienter dans une salle d'attente. Il n'y a personne et d'un coté tant mieux, même si cette solitude commence à peser lourd sur le cœur. Je m'assois et regarde un peu partout autour de moi. Je suis tellement nerveuse que je n'arrive pas à tenir en place. Ma jambe tremble toute seule, et je joue avec mes doigts, j'ai l'impression que ça fait des heures que je suis dans cette salle d'attente alors que ça fait à peine quelques minutes.

Après avoir imaginé un nombre incalculable de scénarios dans ma tête, une femme d'environ cinquante ans se place juste devant moi.

Mme Porter: bonjour vous êtes mademoiselle Duval?
Moi: euh oui c'est bien moi, réponds-je en me levant de ma chaise
Mme Porter: je suis madame Porter, elle me serre la main

Elle m'amène dans un bureau pas très loin de la salle d'attente.
Aux premiers abords elle a l'air d'être à l'écoute et chaleureuse, je pense que ce sont des qualités normales pour quelqu'un qui travaille dans l'adoption. Je me demande si c'est elle qui s'est occupé de la mienne, vu son âge ça se pourrait bien.

Elle m'invite à m'asseoir sur la chaise en face de son bureau, puis elle fait le tour pour s'installer sur son fauteuil. J'ai une énorme boule dans la gorge qui m'empêche d'aligner le moindre mot.

Mme Porter: c'est moi qui me suit occupée de votre adoption
Moi: ahh

Elle attrape un dossier qui se trouve sur une pile de papier à sa droite, et l'ouvre pour le feuilleter.

Mme Porter: votre mère n'avait que 17 ans quand elle vous a mis au monde
Moi: je comprends mieux pourquoi elle ne pouvait pas s'occuper de moi, je secoue la tête

MESSAGE D'UN INCONNU Tome 2 [TERMINE]Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang