Jour 14 : Château

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Le propriétaire avait appelé sa modeste demeure un petit château, en réalité, la construction évoquait davantage un gigantesque palais. Sa famille possédait le domaine depuis près de dix millénaires, et l'avait agrandi progressivement.

La partie historique était située en plein centre, et attirait les yeux des plus grands esthètes et férus d'art de la galaxie. Quant aux amateurs de mathématiques et de géométrie, ils pouvaient contempler le chef d'œuvre architectural et la prouesse technique du maintien de la charpente.

L'ensemble avait pratiquement cinq kilomètres de haut, et s'étendait sur plusieurs centaines d'hectares. Autant dire que les châtelains avaient la folie des grandeurs. Les visiteurs devaient se sentir à la fois minuscules devant cette splendeur et privilégiés d'assister à un tel phénomène.

Eli, campagnard aguerri, préférait largement les montagnes et les lacs aux décorations pompeuses. Pourtant, quand son supérieur avait eu l'idée de s'y rendre, il n'avait pas pu se résoudre à dire non, surtout pour le Jour de l'Empire.

C'était le moment où la fine fleur de la galaxie se regroupait pour célébrer cette date bénie. Les gens s'habillaient dans leurs plus belles pièces d'étoffe. Les militaires portaient leurs uniformes de parade. Vanto appréciait le sien, cependant, détestait le sortir. À chaque reprise, il prenait rendez-vous avec le pressing de luxe le plus proche, pour son officier et lui-même.

Heureusement, Thrawn n'était pas un commandant mesquin, ni avare. Il partageait ses propres faveurs, et son budget, avec son subordonné. L'aide de camp pensait tristement au sort réservé à d'autres assistants, qui devaient nettoyer leurs vêtements officiels à leurs frais.

Aussi, lorsqu'ils apparurent dans la salle de bal, les filles des dignitaires se pressèrent autour des hauts gradés, mais adressaient des expressions dédaigneuses à leurs secrétaires. Le Chiss fut invité à quelques danses, ce n'étaient que des gestes politiques, il restait un non-humain.

Vanto et Thrawn avaient fréquenté en secret des cours privés d'étiquette, pendant lesquels ils avaient appris de nombreux pas. Eli avait enregistré chacune de leurs séances sur des holos qu'ils projetaient ensuite. N'ayant pas de partenaire de l'autre sexe, ils avaient choisi de reproduire les mouvements ensemble.

Au début, Eli rougissait presque, et le Chiss conservait une figure impassible. Pourtant, ils se prirent à apprécier chacune de leurs répétitions. Ils se détendirent peu à peu, et un rapprochement s'était fait. L'Amiral avait déposé, en récompense, un doux baiser sur ses lèvres.

Ce fut avec ce doux souvenir que le lieutenant-colonel s'empara d'une flûte de vin pétillant et qu'il se cala confortablement contre une chaise, savourant le spectacle de son supérieur évoluant avec une grâce étonnante.

Un fleuve de mots et d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant