06 : Je ne me souviens pas

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CHAPITRE 06 : Je ne me souviens pas

Il faisait sombre, mais on pouvait sentir un fin courant d'air tiède. Presque comme un rayon de soleil contre la nuque, sans qu'aucune lumière n'éclaire ni murs, ni ciel. Le sol était un miroir s'étendant à l'infini, reflétant cette absence totale de lumière et tout ce qui s'y trouvait.

Car on y voyait, pourtant. On pouvait voir quelqu'un, une grande personne blonde, masculine, assis en suspend dans le noir profond.

Il – c'était un il – avait une couronne d'or au dessus de la tête, qui flottaient comme une auréole, et tournait lentement. Il portait un manteau d'or sur ses épaules, dont le col était fermé par une fine chainette. Les bras croisés sur la poitrine, le vêtement et ses manches tombant derrière lui sans être affecté par ce sur quoi la personne était assise.

— Oh, dit-il. Force ?

Le nom de cette personne... était Cyclone.

— J'ai un peu pensé à toi ces derniers temps...

Il déplia ses longues, longues jambes, et sauta dans le vide. Ses pieds touchèrent le sol miroir, il fit quelques pas.

— ...Je pense à toi souvent, en fait. Je... Je ne suis pas en colère. J'espère juste que tu vas bien. Tu... me manques. Beaucoup.

Ses fins yeux noirs regardaient vers le bas, l'expression contrite. Ce devait être un rêve, Cyclone ne parlait pas autant que ça. Ou peut-être que si ? Il avait tellement changé.

— J'ai... J'ai un message pour toi.

Il joignit les mains, la tête baissée, entortillant ses doigts les uns avec les autres. Il ne parlait pas vraiment, il pensait. Il ressentait.

— Il faudrait que tu ouvres les yeux pour voir.

Sa couronne tournait plus ou moins vite selon les inclinaisons de sa tête. Il la releva un instant. Il ne parlait pas, il n'ouvrait pas la bouche.

— Il faudrait que tu ouvres tous tes yeux.



***



Force se réveilla doucement. Il faisait encore nuit, mais le soleil pointait le coin d'un rayon à l'horizon. Le réveil n'avait pas encore sonné, il était 6h47. Son chat siamois était logé au creux de son cou, une douce fourrure beige se pressait contre sa mâchoire.

Il se leva. Il se levait toujours à 7h, à moins que son contrat n'exige plus tôt. Mais c'était rare : Pollux fournissait des logements de fonctions à proximité des clients, certains souhaitaient même que les chefs de sécurité restent à demeure. Parfois, pour de courtes périodes, ils emménageaient dans des complexes appartenant à l'entreprise qui gérait Pollux.

Comme tous les agents, Force avait une voiture de fonction. Une berline noire renforcée, capable de résister aux tirs de petits calibres. C'était comme ça qu'il venait chaque matin, et repartait chaque soir. En arrivant chez Curtis, il se gara au petit parc auto semi-souterrain, creusé dans la pente abrupte. En montant les escaliers, tous les deux jours il croisait les employés de ménage. Il leur tenait souvent la porte le temps qu'ils sortent certains équipements.

Ce matin là, comme d'habitude, Satine était en haut des marches, devant la large porte d'entrée, adossée au mur en train de fumer sa cigarette. Elle prenait une pause à la même heure, tous les jours.

RADICAL : T1 「MxM」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant