11 : La course vertigineuse de ses pensées

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J'espère que vous allez bien après le chapitre précédent QuQ
Love u guys


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11 : La course vertigineuse de ses pensées

Comme tous les soirs, Force ouvrit la porte de chez lui et trouva Urgence assis dans le couloir. Il se dirigea vers sa chambre, et changea ses veste et chemise pour un T-shirt. Urgence le suivit, fidèlement collé à l'une ou l'autre de ses jambes. Ensuite, la cuisine. Force se réchauffa deux boîtes de raviolis, et le reste de la pâtée de la veille pour son chat.

Le tintement du micro-onde sonnait le début de la soirée. Force attrapa son assiette.

Dans le salon, il posa son repas sur la table basse, alluma la télé, et s'assit dans le canapé.

Sans rien faire d'autre. Pendant plusieurs minutes, il ne bougea pas, écrasé par la course vertigineuse de ses pensées. Elles se bousculaient tant dans sa tête qu'il n'aurait pas su les reconnaître, il les laissa seulement se percuter les unes les autres avec cette violence qui absorbait toute sa concentration.


Puis, d'une manière ou d'une autre, il finit par s'habituer à leur vélocité. Elles ne ralentirent pas, ce fut lui qui les rattrapa.

Il pensait à Jolt. Son client. Il pensait à ce qui s'était passé au restaurant. Il recomptait le nombre de secondes qu'il lui avait fallu pour se lever de sa chaise. Le nombre de pas pour le rejoindre. Il repensait à chaque mot qu'il avait prononcé. Il s'en voulait de la phrase qu'il avait dite, en arrivant à la table. Il n'avait pas voulu être aussi poli, pas avec des agresseuses.

Non, c'était stupide. Il s'en voulait de ne pas s'être levé plus tôt. Il s'en voulait de ne pas avoir compris plus tôt que son client était en danger. Il s'en voulait d'avoir mal fait son job. Il n'avait simplement pas reconnu de menace.

La vérité, c'était qu'il avait seulement reconnu la terreur sur le visage de Jolt. C'était pour cette seule raison qu'il s'était levé. Rien d'autre ne l'avait alerté, et pourtant, il avait assisté à une attaque.

Une agression sexuelle. C'était quelque chose de complètement à part, dans les conditions générales de Pollux. Chaque agent, comme Force, était supposé assurer l'intégrité physique du client. Toute souffrance d'ordre psychologique n'était pas de leur ressort, ils devaient encourager à consulter un professionnel, ce n'était pas leur champ d'expertise.

Et certaines personnes avançaient qu'une agression sexuelle ne relevait pas de l'intégrité physique. Que comme il ne s'agissait pas d'une mise en danger de la vie, d'une menace de blessure, c'était moins important. Pas du domaine d'une garde rapprochée. Certaines personnes auraient préféré envoyer directement un professionnel psychologique pour s'en occuper. S'il n'y avait pas de sang, ce n'était pas grave.


Mais pour Force, ça l'était. Parce que ça l'avait été pour Jolt, et il n'y avait que lui qui pouvait en déterminer l'importance. C'était à lui de dire et aux autres d'écouter.

Et ses larmes avaient parlé pour lui.


Les heures passèrent sans que Force ne bouge, trop submergé par son monde intérieur pour s'occuper du matériel. Les raviolis refroidirent, le programme changea à la télé sans qu'il ne réalise, ni ne s'en soucie. La nuit tomba lentement autour de lui et son esprit en prit seulement vaguement connaissance, ainsi que de tout ce qui avait changé. La Terre avait poursuivit sa rotation et ces données, comme entrées dans un ordinateurs capable de les stocker sans rien en faire de plus, avaient été enregistrées. De sorte que quand Force bougea de nouveau, rien ne le surprit. Pas la pénombre dansant au rythme de la télé, pas le chat en train de grignoter un ravioli.


Il attrapa son portable, il composa sans réfléchir. Sa main connaissait le numéro par cœur, alors qu'il ne l'avait même jamais vu écrit.

Le nom du contact s'afficha.

Jolt Curtis.

RADICAL : T1 「MxM」Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz