33 : Ni vraies ni fausses

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HEEEEEEEY
En fait, il s'est révélé hier soir qu'au lieu de courir et de faire du sport, mon amie et moi avons bu du thé et mangé devant les premiers épisodes de la nouvelle saison de Sabrina. Du coup... BON CHAPITRE AVEC RETARD, LOVE YOU <3


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33 : Ni vraies ni fausses

Ça faisait tellement longtemps que Jolt n'était pas sorti, il avait oublié comment était le couloir. Ce jour là, quand il ouvrit la porte, tout fut nouveau pour la seconde fois.

Ce fut immense, on pouvait presque parler d'une allée. En arrivant, il ne s'était pas attardé dessus, alors que maintenant, c'était un pas en avant, un obstacle abattu. Chaque pilier d'acier, chaque reflet sur le verre, jusqu'aux feuilles sur les arbres en contrebas. La lumière du soleil formait sur l'herbe du parc un vert intense, presque douloureux à fixer. Jolt traversa l'allée. Celle-ci était courbe, on n'en voyait ni un bout ni l'autre, Jolt venait de le remarquer. Après une dizaine de pas, il s'arrêta aux pieds des piliers décoratifs. Ceux-ci, chacun penchant plus ou moins, formaient comme un rideau, éparpillés sur les trois mètres qui séparaient l'allée du mur de verre.

C'était presque comme une forêt sombre entre sols et plafonds d'un blanc bleuté. Jolt marcha un peu entre les branches métalliques, avant d'atteindre la baie vitrée et de s'asseoir contre celle-ci. De rester là. Il n'aurait pas pu faire grand chose de plus, même s'il l'avait voulu. Il sentait le soleil dans sa nuque, il était sorti de sa chambre, même si c'était seulement pour quelques pas. Il s'était lavé, il s'était habillé... Ce n'était plus normal depuis longtemps, pour lui. Il n'avait pas fait tout ça depuis des semaines et des semaines. Tout était tellement dur... même les choses les plus ordinaires. Même le seul fait d'être conscient, de passer à travers la journée ; elle aurait aussi bien pu être faite de verre pilé. Tout était douloureux.

Mais ici, en suspension dans sa petite forêt d'acier, Jolt pouvait s'accorder quelques secondes pour être totalement vide, et respirer. Car il ne restait plus rien en lui, à présent. Vide était le plus proche de serein qu'il pouvait avoir, autrement la moindre pensée était acide, brûlante ou monstrueuse. C'était le vide ou le cauchemar total, il n'y avait plus ni milieu ni apaisement. Ça commençait à le ronger gravement, d'être tout le temps sous la tension de son propre cerveau, de ne jamais avoir une seconde de répit. Il s'usait, comme une corde, et quand il romprait on ne pourrait pas le réparer.

Fut un temps où il était effrayé d'être vide, dépouillé de ses idées et désirs. Mais aujourd'hui, c'était le seul moment de calme qu'il obtenait dans ses émotions. Il ferma les yeux.

Il n'était plus que l'ombre de lui-même, quelqu'un aurait facilement pu arriver et revendiquer son nom. Il n'était plus digne d'être Jolt Curtis.


— ...Monsieur Curtis ?


Il rouvrit les yeux. La voix qui venait de percer le silence, de le sortir de ses pensées, le forçait à revenir dans un monde complètement éveillé, alors qu'il était resté à la limite de la conscience en vagabondant sans bruit.

Il aurait préféré qu'on ne le dérange pas. Parler était l'une des choses les plus dures pour lui, là tout de suite.


— Bonjour, je suis Grace Fletcher, psychothérapeute pour Pollux Security.


Il s'agissait d'une petite femme un peu large, mais pas vraiment ronde. Plutôt carrée. Elle avait les cheveux courts, d'un blanc parfait, et le visage ridé mais toujours assez élégant. Ses épaules tombaient, et par dessus celle-ci, elle portait un long gilet de laine grise très fine. Il s'accordait bien, dans des tons neutres, à son chemisier à motifs en dessous, et au large collier de perles cubiques dorées qu'elle portait. Elle se tenait un peu voutée en avant, et son expression était tout à fait charmante.

RADICAL : T1 「MxM」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant