08 : Être soi-même suffisait

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08 : Être soi-même suffisait

Le matin avait toujours été une notion malléable pour Jolt. Ce matin là fut long. Après sa discussion de la veille avec Satine, il avait retrouvé son invitée endormie, alors il était resté à ruminer dans son lit un certain temps avant de finalement sombrer d'un coup. Pourtant il s'était réveillé à 8h, ce qui était chose assez rare pour lui. À 9h30, il tournait déjà en rond dans son salon. Il avait du mal à croire que le rapport de fin de shift durait vraiment 30 minutes. Qu'est-ce qu'ils avaient besoin de se dire ? Est-ce qu'ils se racontaient la nuit en détail ? Est-ce qu'ils se racontaient leur vie ?

Est-ce qu'ils parlaient de Jolt ?... Probablement.

La demi-heure fut longue. Mais finalement, à 10h tapante, réglé comme une horloge suisse, Force passa la porte d'entrée.

Jolt l'avait attendu dans le court corridor qui menait au séjour pendant peut-être un quart d'heure. Il avait parcouru rapidement la note dont avait parlé Satine, mais il n'y avait rien de concret. Seulement la mention que Force Russel, membre très respecté du corps protecteur de Pollux Security, était Sui Generis. C'était à la fin, caché entre deux paragraphes sur la gestion des relations humaines et des emplois du temps.

Jolt voulait en savoir plus que ça. Il voulait savoir si... ça avait un rapport avec ses rêves.

— Je peux vous parler ? demanda-t-il à peine Force entré.

Celui-ci sembla hésiter, quelques peu surpris. Jusqu'ici, Jolt l'avait plus largement évité que recherché.

— Bien sûr. Que puis-je pour vous, Monsieur ?

Il avait une façon de dire Monsieur, d'en prononcer les syllabes, qui sortait par les yeux de Jolt. Il la détestait, il aurait voulu pouvoir lui faire bouffer ses intonations.

— J'ai discuté avec l'agente Georges, hier soir...

Il ne sut pas comment formuler ça. Il n'y avait pas de façon délicate d'aborder ce sujet.

— ...vous êtes Sui Gen ?

Autant trancher dans le vif.

— Oui, répondit calmement le chef de sécurité. Je pensais que vous l'aviez lu dans la note.

Ils devaient bien réaliser que personne ne lisait cette note, elle faisait 43 pages.

— Mais, qu'est-ce que... Qu'est-ce que vous pouvez faire ?

— Ces informations relèvent de ma vie privée, Monsieur.

Jolt attendit la suite quelques secondes, avant de comprendre que Force voulait seulement dire qu'il n'allait pas en parler.

— Ça n'a rien à voir avec votre travail ?

— ...Comment ça ?

— Ça vous a aidé pour votre embauche, ou desservi, ce genre de chose ? C'est une compétence que vous êtes amené à utiliser ?

Jolt passa la main sur son visage. Il se sentait nerveux, il avait l'impression de manquer de sommeil, d'être déshydraté. Sa tête était lourde ; bétonnée de l'intérieure, elle lançait et basculait d'un côté ou de l'autre comme s'il piquait du nez.

Et il avait ce sentiment persistant, cette réminiscence de ce qu'il ressentait dans ses rêves. Il en avait fait un nouveau cette nuit, c'était devenu une constante. Ce désir innocent et sincère de lui plaire, à lui. Lui, cet homme là, juste à portée de main. Si proche qu'il aurait pu lui toucher le visage.

RADICAL : T1 「MxM」Donde viven las historias. Descúbrelo ahora