Chapitre 4 - Instant panique

2.1K 229 19
                                    

Cela faisait plus de cinq minutes que Luce sentait ses jambes fléchir. Elle n'était pas habituée à marcher dans le sable. Elle n'était pas habituée à puiser dans ses forces. C'était la première fois que la jeune femme redécouvrait les joies (ou plutôt les inconvénients) de la mer depuis son accident. Pourtant, elle ne pouvait retirer ce sourire de son visage.

Avec plaisir, elle savoura le soleil chauffant sa peau. Elle écouta les mini-vagues s'écraser sur la plage créant ainsi le son le plus mélodieux et relaxant qu'elle n'eut jamais pu écouter. Elle sentit le sable craqueler sous ses pieds, chaud et fin. Elle entendit le cri d'une mouette à quelques mètres au-dessus d'elle ainsi qu'un enfant s'amusant à courser un autre.

Quelques secondes plus tard cependant, Luce fronça les sourcils. Peut-être que ce petit garçon ne trouvait pas la situation si marrante qu'elle ne l'avait pensé au départ vu ses plaintes... Ce dernier voulait qu'on lui rende son objet volé : sa planche de surf d'après ce qu'elle avait compris entre plusieurs hurlements de fureur de la voix fine qui n'avait pas encore mué. Comment pouvait-on voler le bien d'un petit ? Quelle personne affreuse pouvait faire une chose pareille ?

— Dis, qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle, la main toujours accrochée au bras de sa meilleure amie et guide temporaire.

Cette dernière n'eut pas le temps de répondre qu'elle vit quelqu'un foncer droit sur elle. Le soleil l'éblouissant, elle ne perçut qu'une chevelure souple et rousse ainsi qu'un corps mince. Comprenant que le fou fonçait sur elles deux, Claire hurla. La jeune femme repoussa Luce en arrière et s'écarta pour laisser passer le dingue qui courrait une planche de surf pour gamin sous le bras.

— Attention tournage du remake d'Alerte à Malibu, on se pousse ! cria le blond, pas décidé à changer de trajectoire.

Sauf que si la châtaine lui libéra le passage, ce ne fut pas la même histoire pour la brune avec qui il rentra en collision. Sa course prit fin bien plus tôt qu'il ne l'avait prévu. Adieu le tournage parfait qu'il avait annoncé à son départ. Après plus de trois prises ratées, il avait promis à son ami que celle-ci serait la bonne. Et elle aurait pu l'être si ces deux femmes n'avaient pas traîné dans les parages. Elles venaient de réduire à néant son trip !

Sa chute fut brutale, il dut le reconnaître. Mais le pire fut pour Luce qui fut renversée en arrière. Cette dernière eut juste le temps de crier avant de tomber sur le sable, écrasée par un corps inconnu. La panique s'empara d'elle tel du poison et la priva de ses sens. Elle perdit tous ses repères en moins de deux, se retrouvant à la merci du corps qui venait de la recouvrir. Jamais (ou presque) la jeune femme ne s'était sentie aussi vulnérable.

La planche volée finit à quelques mètres de Luce et le petit garçon qui cassait les pieds aux deux amis depuis plus de dix minutes, s'empressa d'aller récupérer son bien.

Un peu sonné, Ange tenta de se relever quelques secondes plus tard. Mais son poignet se tordit et il s'écrasa une fois de plus sur la jeune femme. Il voulut s'excuser pour la gêne occasionnée et ce fut alors qu'il remarqua les yeux de son accidentée. Pratiquement noirs, ils cherchaient quelque chose sans le trouver. Le jeune homme songea premièrement à la possibilité que l'inconnue fasse un choc post-traumatique ou un truc du genre. Mais au bout de quelques secondes, il se rendit compte que la jeune femme ne le voyait tout simplement pas.

Je suis affreux, j'ai renversé une aveugle ! songea-t-il, horrifié.

Pourtant le joli visage de sa victime lui arracha un sourire. Avec ses longs cils, son nez retroussé, ses lèvres pleines, sa mâchoire carrée et sa peau matte, la jeune femme présentait de nombreux atouts. Tellement qu'il sentit son cœur prendre un rythme anormal. Son sourire se fana alors. Depuis quand les femmes lui causaient des palpitations ? Pas intéressé par les hommes pour autant, il préférait s'occuper autrement : avec des hobbies tels que l'audiovisuel, les paris et les grossièretés qui mettaient mal à l'aise les gens. C'était beaucoup plus léger et surtout ça causait moins d'ennuis (enfin en général).

Baisers salés (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant