Baisers salés (Terminée)

Chapitre 29 - Désolé, pas désolé

Si Claire n'avait pas semblé inquiète de découvrir que Luce n'était pas à la tente à leur retour, elle avait fini par paniquer en voyant le couple avec qui son amie était partie, revenir sans cette dernière.

Et s'il y en avait eu un autre qui s'était fait du sang d'encre, c'était bien Ange. Car alors que Fab lui avait dit qu'il fallait qu'il vienne dormir, le blond avait attendu jusqu'à minuit quarante-six qu'une Luce, accompagnée de deux hommes, rentre.

Aussitôt avait-il remarqué les énergumènes qui complimentaient la brune qu'il avait roulé des yeux et était rentré dans sa tente. Dans sa précipitation, il s'était pris les pieds dans le sac de couchage de son ami.

À moins que ce ne fut Fabrice en personne...

Il n'avait pas vraiment réussi à savoir. De toute façon, il s'en foutait un peu. Mais quoi qu'il en soit, il avait râlé et dit à son pote qu'il allait aller dormir dans la caisse. Il n'avait même pas accordé un regard à Angèle qui s'était réveillée dans l'espoir de parler avec lui.

Le problème, c'était que depuis qu'il avait compris qu'il y avait eu quiproquo, il se sentait mal. Par la suite, inquiet, il avait prévu de s'excuser auprès de Luce. Mais ça, c'était avant qu'elle ne revienne accompagnée. Était-il si facilement remplaçable ? D'ailleurs, avait-il le droit de se poser la question ou bien s'était-il fait un film durant tous ces jours ?

Détestant les instants de questionnement, il avait juste eu envie de lui dire d'aller se faire foutre. Enfin non, ce n'était pas le bon terme, car justement, contrairement à ce qu'il avait avancé, il ne s'en foutait pas. Imaginer d'autres hommes à ses côtés lui était insupportable.

Mal installé dans la voiture, il n'avait pas pu s'empêcher d'observer la scène. Luce avait rigolé. Mais son rire était faux. Avait-elle su qu'il la regardait ? Au fond de lui, il l'avait espéré... Qu'elle essaie de le rendre jaloux aurait prouvé qu'elle s'intéressait à lui. Et ce n'était pas que son ego qui rêvait que ce soit la réalité, son cœur aussi, même s'il n'était pas encore capable de le reconnaître, était en jeu.

Seulement ni Claire, ni la brune, n'avait tourné la tête dans sa direction. Il fallait dire qu'il était rentré dans la caisse en toute discrétion et qu'il n'avait allumé aucune lumière. Seule celle du lampadaire au loin lui avait permis de voir ce qu'il se passait.

Il avait ressenti une vague de jalousie le happer. Puissante, elle l'avait fait sombrer. À tel point qu'il avait eu envie de suivre les deux hommes qui avaient été virés par Claire car visiblement, Luce n'avait pas réussi à se montrer ferme. À ce constat, il avait eu un rire amer. Comme si sa Pocahontas au caractère de merde n'était pas capable de renvoyer chier deux mecs ! C'était d'un ridicule...

Au lieu d'aller castagner les deux gigolos qui étaient repartis bredouilles, il s'était contenté de les imaginer se faire fracasser. Enfin, cela n'avait duré que quelques secondes avant qu'il ne réalise que même ainsi, c'était mal de sa part. La violence ne résolvait rien. Il savait bien évidemment que ses parents auraient aimé qu'il soit le premier à le dire, mais ce n'était pas le cas, car même si son geste d'autrefois avait causé la perte de contact avec sa famille, encore maintenant, il ne regrettait pas d'avoir frappé le con qui avait osé lever la main sur sa sœur.

Cependant voilà, désormais que c'était le samedi matin et qu'il voyait un petit jeune roder devant la tente de la brune qui, en haut de maillot de bain, profitait des doux rayons de soleil, il avait envie de lui envoyer l'éponge en pleine tronche. Ce fut d'ailleurs ce qu'il fit en piquant le bien à son ami, dans la bassine. Sauf que l'éponge n'atteignit pas le concerné et s'écrasa sur le sol, ce qui causa l'indignation de Fabrice.