Chapitre 38 - Faire son deuil

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Fin août

Lorsque Luce rentra dans l'appartement qu'elle partageait avec Claire, elle se sentit vide. C'était presque comme si elle était devenue une inconnue pour elle-même.

— Ça pue, non ? demanda la brune en reniflant.

— Je vais ouvrir les fenêtres, l'informa Claire en abandonnant sa valise.

Durant leurs deux grosses heures de route, les jeunes femmes avaient été plutôt silencieuses. En effet, la châtaine avait allumé la radio et Luce avait déclaré vouloir s'assoupir quelques minutes. Et de quelques minutes, c'était passé à une bonne moitié du trajet.

— Ça te dit qu'on commande ? Je n'ai pas la force de cuisiner pour ce soir, lui avoua Claire en frôlant son amie pour aller ouvrir la fenêtre du salon.

Lorsque les deux jeunes femmes avaient décidé de vivre ensemble (pas seulement pour des raisons économiques ou bien pour être proches du campus universitaire, mais parce qu'elles avaient envie de faire un bout de chemin ensemble), elles avaient déclaré vouloir un petit cocon agréable, épuré et surtout, leur permettant d'avoir leur intimité.

C'était Claire qui avait trouvé ce petit paradis. Deux chambres, une cuisine américaine donnant sur le séjour, une petite pièce servant de bureau, une toilette, une salle de bains et un long couloir à l'entrée, permettant de stocker deux gros meubles où les deux amies y fourraient tout ce qui n'avait pas de place officielle dans le logement.

— Le roulage dans la rue ne m'avait pas manqué ! soupira Claire en avançant sur leur petit balcon.

— La pollution, les insultes des conducteurs pressés, les klaxons, toi qui râles à propos de la ville... Il n'y a plus aucun doute : nous sommes bien rentrées, ironisa Luce.

Claire roula des yeux. Car malgré la patience dont elle faisait toujours (ou presque) preuve envers la brune, il était vrai que la châtaine aimait faire des remarques à propos de la vie citadine. Comme quoi, nous pouvions être deux opposés en même temps.

— Tu m'excuseras de trouver la vie à la mer plus agréable, hein !

Claire regarda Luce s'approcher à son tour du balcon.

— Elle te manque ? demanda cette dernière.

Claire avait beau avoir dit à son amie qu'elle avait déjà oublié Angèle, Luce savait qu'elle mentait. Car même si elle avait passé une excellente fin de séjour auprès d'Ange, elle avait tout de même senti que sa meilleure amie s'était attachée au bébé du groupe éphémère. Peut-être alors avait-elle réussi à faire croire aux autres qu'elle avait profité sans s'impliquer émotionnellement, mais Luce elle n'était pas dupe.

— Je me demande juste si...

Claire se stoppa puis soupira. Était-ce une bonne idée de parler de tout cela ?

— Si tu n'aurais pas dû lui filer ton numéro ? compléta Luce.

Si parfois la brune détestait le fait que Claire puisse lire en elle comme dans un livre, l'inverse était aussi le cas.

— On a conclu qu'il valait mieux que l'on ne s'attache pas. Alors dis-moi comment je ferais pour passer à autre chose si je prenais le temps de parler d'elle ?

La brune savait qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une question.

— Et toi, comment ça va sans Ange ? enchaîna la châtaine.

— J'ai déjà passé deux jours sans lui, je te rappelle qu'ils sont partis avant nous ! répliqua la seconde.

Claire se laissa choir sur la chaise de leur petite table de jardin. Au printemps et en été, elles aimaient prendre leur petit-déjeuner (le dimanche, lorsqu'elles n'étaient pas pressées par le boulot) ici.

Baisers salés (Terminée)Where stories live. Discover now