Chapitre 8 - Pari et ami perdu ?

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La brune, dont la peau accusait un trop plein de soleil et montrait bien trop de surface avec sa tenue mini, souriait déjà à Ange. Aussi, ce dernier ne tarda pas à rejoindre la jeune femme.

Durant quelques secondes, ils semblèrent échanger quelques mots. Mais si le blond paraissait avoir choisi l'attaque par les blagues, la jeune femme opta pour une autre approche. La main qui courait sur le torse d'Ange, ou du moins sur la chemise à manches courtes qu'il avait enfilée, en faisait gage de preuve.

Finalement, Fab se dit que la cible allait tout faire à la place d'Ange. Et ce fut le cas, jusqu'à ce que le blond reprenne les choses en main en posant ses doigts sur la hanche de la brune. Après cela, un homme baraqué déboula vers lui. Ange eut à peine le temps de dire un mot qu'un poing s'abattit sur son visage.

Ça, Fab ne l'avait pas prévu. Certes, il avait vite remarqué que la cible qu'il avait attribuée à son ami avait un accompagnateur, mais il n'avait pas pensé que la grosse brute frapperait. Il avait espéré une petite engueulade. Dans son esprit, l'homme à l'allure de motard se contenterait d'effrayer son ami.

— Bagarre ! hurla un homme ravi tandis que Fabrice accourait vers Ange, au sol, écrasé par le compagnon de la brune.

— Stop ! hurla-t-il en essayant de repousser le taureau qui cognait sans retenu. Stop ! répéta-t-il avant de se prendre par inadvertance un coup de coude dans le ventre.

Cela le priva de ses capacités langagières. Assommé par la douleur, il recula et croisa avec horreur le regard apeuré d'Ange. Celui-ci n'eut pas besoin de parler. Fabrice comprit. Il comprit que son ami n'était plus là. Il n'était plus dans le présent. Il venait d'être renvoyé dans le passé. Il revivait tout. Les coups. La colère. Les cris. Les pleurs. Les supplications. Et l'enfer qu'il avait dû côtoyer par la suite.

Il revivait le cauchemar qu'il avait créé et qui avait détruit à jamais sa relation avec sa famille.

Ange affrontait à nouveau ses démons. Mais cette fois-ci, c'était lui la victime et non pas l'attaquant. Cette fois-ci, il avait la place de celui qu'il avait frappé jusqu'à ce que ses phalanges soient recouvertes de sang. Fabrice le voyait dans le regard vert du blond vénitien. Ange comprenait la peur que cet homme avait ressentie, des années auparavant. Mais surtout, il revivait la colère écrasante d'autrefois. Le désir de cogner et de ne pas s'arrêter...

— Mais stoppez-les enfin ! cria quelqu'un que Fab ne put voir.

Puis la voix de l'infidèle qui avait flirté sous les yeux de son compagnon se mêla aux autres. Désormais à genoux, les bras autour du cou de celui qui ne se contrôlait plus, elle pleurait ses pardons.

— Je suis désolée. Je suis désolée, dit-elle en déposant des baisers sur la joue de l'homme. Mais tu m'y as poussée ! Je t'avais dit que je me vengerai. Tu vois ce que ça fait !

Soudainement, le regard de Fabrice envers la jeune femme changea. Elle n'avait plus à rien à voir avec la pute qu'il avait cru apercevoir. Elle était toujours aussi peu vêtue et vulgaire, pourtant, la part de tristesse, de désespoir et de pathétique venait de prendre le dessus. Il finit même par avoir pitié d'elle.

— Pardonne-moi.

La grosse brute lâcha enfin Ange et après une dernière insulte, se releva. Il envoya bouler la jeune femme en lui criant qu'il ne voulait plus la voir puis sous le regard des gens qui avaient formé une ronde tout autour, il prit la fuite.

— Est-ce que ça va aller ? demanda Fabrice en voyant la brune, toujours agenouillée, le visage désormais recouvert de larmes.

Elle se contenta de hocher la tête, agressée par ses sanglots.

Baisers salés (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant