Chapitre 18 - On emmerde tous ces connards

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Alors que les voisins de Luce et Claire avaient disparu, les deux amies avaient décidé d'aller en ville. Car la châtaine avait enfin à nouveau sa voiture et qu'elles comptaient en profiter.

— Connasse !

Malheureusement, même quand les choses s'annonçaient bien, il fallait toujours que l'on croise des abrutis sur notre chemin pour que notre journée soit gâchée.

— Connard ! répliqua aussitôt Luce en levant sa canne.

Un cycliste, qui visiblement n'avait pas compris qu'il avait eu affaire à une malvoyante, venait de l'insulter. Tout simplement car la jeune femme ne s'était pas poussée pour le laisser passer, lui qui avait préféré faire la course avec des potes en dehors de la piste cyclable.

— Tu vois, tu dis que je serais plus libre avec ma canne, mais des idiots me foncent dessus tout de même ! Ma canne ne change rien à la débilité des gens.

Claire ne put la contredire.

— Luce...

Elle savait déjà que la brune était en train de se perdre dans les souvenirs. Combien de fois, avait-elle eu envie de frapper ces gens ? Ils affichaient une mauvaise humeur, ils s'en prenaient à des innocents, incapables de se rendre compte qu'ils avaient tout à côté de certains.

Alors que des personnes se plaignaient d'avoir leur compte à vide parce qu'elles avaient abusé des sorties restaurant, elle, avait perdu bien plus.

Durant des semaines puis des mois, Luce avait détesté les gens. Elle avait l'impression qu'ils se plaignaient la bouche pleine. Qu'était-ce de devoir affronter deux petites goutes de pluie à côté d'une vie dans le néant ? Pourtant, les grandes gueules étaient bien souvent hypocrites.

— Moi aussi j'aimerais refaire du vélo. Et si je le pouvais, je roulerais sur une piste cyclable, parce que ce n'est pas pour les macaques qu'elles ont été faites !

Ça y est, Luce attirait les regards. Déjà qu'en temps normal, les gens l'observaient, comme si elle était un animal de foire, désormais, elle était la folle. La cinglée à la canne blanche et aux lunettes noires (puisqu'elle avait choisi de les porter pour une fois). Celle qui était bonne pour l'asile.

— Calme-toi.

— Mais je suis calme ! répliqua la jeune femme. Je suis calme, répéta-t-elle en sanglotant.

Elle entendait à nouveau le discours du médecin. Sa vue si précieuse. Elle qui avait vu le dégradé de bleus de l'océan, les rayons de soleil, le ciel orange, puis rose. Luce s'était émerveillée devant des tableaux d'art. La jeune femme, qui avait toujours aimé la création, avait senti son avenir tout tracé s'effondrer.

Résultat, elle n'avait pas fini sa dernière année de management. De toute façon, qui allait embaucher une aveugle, incapable d'observer son équipe ?

Durant des mois, Luce était retournée chez sa famille. L'université abandonnée, le dos tourné à ses amis (y compris Claire), elle était finalement tombée en déprime. Elle avait inquiété tout le monde, mais elle s'en était moquée, car on venait de tout lui retirer. Sans ses yeux, Luce n'était plus rien.

Pourtant, après cinq mois difficiles, une jeune femme était venue toquer à la porte de la maison de ses parents. En ayant marre de rester sans réponse, Claire avait décidé de passer par la famille pour approcher la brune. Et ça avait fonctionné. Car après des heures de pleurs, de lamentations et d'excuses, les deux amies s'étaient retrouvées.

Après cela, Claire ne l'avait plus jamais quittée et même si Luce se sentait parfois mauvaise de profiter des remords inexistants de son amie, elle ne pouvait imaginer sa vie sans.

Baisers salés (Terminée)Where stories live. Discover now