Chapitre 43 - Presque comme des étrangers

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Cela faisait cinq minutes que Claire tournait en rond dans l'appartement. Elle ronchonnait tandis qu'elle soulevait toutes les bricoles sur son chemin et ouvrait tous les placards qu'elle trouvait.

— Non mais c'est pas vrai... Luce ! s'écria-t-elle, sa patience ayant décidé d'abandonner.

Seul le silence lui répondit.

— Luce ! appela-t-elle à nouveau.

En ce samedi, alors qu'elle aurait dû profiter de son jour de repos pour se détendre, elle le passait à râler car elle ne trouvait plus les clés de sa voiture. Est-ce que Luce avait encore attrapé l'objet pour le ranger à un endroit qu'elle jugeait plus propice ? Elle l'agaçait à faire ça.

— Luce ! s'impatienta Claire en tapant des pieds.

Peu importait si son amie dormait encore, elle n'avait qu'à pas fouiller dans ses affaires. D'ailleurs, en voyant que la concernée ne semblait pas décidée à sortir, la châtaine prit la décision de rentrer dans l'antre de sa colocataire.

— Je te jure que si c'est encore toi qui as...

La jeune femme ne termina pas sa phrase, car elle venait d'apercevoir son amie en boule, au coin de son lit.

— Luce, qu'est-ce qu'il se passe ?

L'inquiétude dans la voix de Claire, son intrusion dans la chambre, tout fit sursauter la brunette.

— Est-ce que c'est à cause de ton portable ? demanda plus doucement Claire en venant s'asseoir à côté de son amie.

Cinq bons jours étaient passés depuis l'événement. Mais peut-être pleurait-elle encore celui qui lui simplifiait la vie ?

— Je t'ai dit qu'on en achètera un nouveau. Tiens, si tu veux, on peut y aller aujourd'hui.

En effet, Luce n'avait pas pu récupérer son bien qui avait chuté dans une bouche d'égout. D'ailleurs, heureusement que Dorman avait été là, car sans lui il aurait été impossible pour la brune de contacter son amie afin qu'elle vienne les chercher.

— A moins que ce soit pour ton sac ? Oui, c'est plus logique que ce soit pour le sac, souffla Claire en se parlant à elle-même.

Les deux amies s'étaient rendues à la gendarmerie puis à la mairie le lendemain pour déclarer le vol et faire une demande de réalisation de papiers, à nouveau. Seulement tout le monde savait qu'administrativement, tout cela prenait du temps.

— Je pensais qu'après notre appel et le fait qu'il ait mis fin à notre conversation, si c'était moi qui reprenais contact, il réaliserait que je ne veux pas qu'on mette fin à vos messages. Mais je pense que son silence est plutôt parlant.

Visiblement, Claire avait encore fait fausse route. Il ne s'agissait pas de la perte des papiers, de la monnaie et du portable de Luce. Il s'agissait d'Ange. Il avait toujours la première place ces derniers temps.

— Tu te rends compte ? Ça ne fait que deux semaines que nous sommes rentrées de vacances, pourtant, je peux affirmer qu'on s'est éloignés plus vite encore que nous nous sommes rapprochés. Désormais, nous sommes presque comme des étrangers.

— Ça, question de rapprochement, c'est sûr que vous n'avez pas été super rapides ! commenta Claire dans un soupir.

Elle les revoyait encore en train de s'envoyer des piques alors que leur corps et leur regard criaient qu'ils ne souhaitaient qu'une seule et même chose. Une bande d'imbéciles, voilà comment elle avait fini par les voir.

— Après le vol de mon sac, lorsque je suis rentrée à la maison, je lui ai envoyé un mail pour lui dire qu'on m'avait volé mon portable. Parce que ma soirée avec Dorman m'a fait réaliser que je ne voulais pas rompre le contact avec Ange. Mais il n'a jamais répondu. Alors je pense qu'il est temps que j'arrête de me ridiculiser.

Baisers salés (Terminée)Where stories live. Discover now