Que les jeux commencent

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        Aïkida se figea et écarquilla les yeux, bouche bée.

        Tarek se releva et repartit en direction du château sans rien ajouter, ni même se retourner.

        Les paroles d'Athkor se mirent à résonner violemment dans la tête de la jeune fille. « Méfie toi, tu n'as pas d'amis ici. Ne fais confiance à personne ». Aïkida se laissa retomber sur le dos, sous le choc. Elle se massa frénétiquement le crâne puis posa les paumes de ses mains sur ses yeux. Le condamné ? Est-ce qu'il parlait de moi ? Bien sûr qu'il parlait de moi ! Donc il veut me tuer ? Non quand même pas... il m'a sauvé la vie, ce n'est pas possible. Mais... le bourreau ? C'est lui. Il est le bourreau, je suis le condamné. Mais condamné à quoi ? La mort ? Mais pourquoi Tarek veut me tuer ?!


        Les sombres pensées de la jeune fille s'enchevêtraient dans son esprit tandis qu'elle tentait de comprendre. Non, en fait, elle avait compris. Elle niait juste, ne voulant pas y croire. Lorsqu'elle s'était battue contre Thorus et ses acolytes, elle avait su qu'ils voulaient la tuer. C'était évident. Mais le fait que quelqu'un le lui dise clairement, hors combat, lui donnait le tournis. D'autant plus qu'elle avait pensé que Tarek était un allier, puisqu'il était un dragonnier, tout comme elle.

        Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour qu'il envisage ma mort ? Et pourquoi je suis encore en vie alors qu'il a déjà eu plusieurs occasions de m'éliminer ? Pourquoi a-t-il lancé ce couteau afin de me sauver du troisième agresseur d'Ambre ?

        Des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête quand une voix la tira de ses pensées :

— Hey, ça va ?

Aïkida retira ses mains et put apercevoir un jeune homme, accroupi près d'elle.

— Si toi aussi tu veux me tuer, dis-le tout de suite, grommela-t-elle en se cachant de nouveau les yeux du dos de ses mains.

— Si j'avais envie de te tuer, tu aurais déjà un couteau planté dans la gorge, plaisanta-t-il.

— Ce n'est pas la méthode de tout le monde à priori, soupira la jeune fille.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai vu Tarek partir comme une furie.

— Il se passe que monsieur veut me tuer. Et il me dit ça comme ça, comme si c'était tout à fait normal.

Aïkida soupira une nouvelle fois et se redressa afin de s'assoir en tailleur en face du jeune homme.

        En le voyant de plus près, la jeune fille retint son souffle. Il était tout sauf commun. Ses cheveux courts, peignés en batailles, étaient de deux couleurs différentes. La partie gauche était blonde très claire tandis que celle de droite était brune, laissant une étrange limitation en haut de son crâne. Ses yeux vairons en amandes, sous les cheveux bruns, marron et sous les cheveux blonds, bleu azur, la fixaient avec amusement. Et pour couronner ce dépareillement atypique, ses vêtements, faits sur mesures, étaient également séparés en deux parties. Le côté gauche de la tunique du pantalon était blanc tandis que le reste était noir. Son regard espiègle mais chaleureux et sa peau bronzée laissèrent penser à la jeune fille qu'il devait être de son âge malgré la maturité qu'il dégageait.

        La première chose qui lui traversa l'esprit fut l'expression « Ange ou Démon ».

        Elle avait dû rester un moment à l'observer, puisqu'il la taquina :

La Fille GeléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant