La Fille Gelée

Une funeste confession

         Aïkida fixait le jeune blond avec détresse, ne sachant comment réagir alors que les tremblements secouaient tout son corps.

— Qu'est-ce que tu as vu ? Il t'a menacé ? demanda Leeroy, inquiet.

La jeune fille ouvrit la bouche pour lui expliquer, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Prise d'un sentiment étrange, elle eut la soudaine impression qu'elle ne devait pas lui révéler sa vision.

— Ça va aller, Kida. Le Masque Noir est un manipulateur. Je ne sais pas de quelle prophétie il parle, mais nous ne pouvons pas le rejoindre. Ce n'est pas un homme de parole.

Athkor lui parlait d'un ton rassurant et cela apaisa légèrement la jeune fille. Elle lui demanda :

— Pourquoi j'ai le pressentiment que je ne dois parler de cette vision à personne ?

La voix du dragon se fît plus grave lorsqu'il répondit :

— Le Masque Noir est puissant, il faut s'en méfier. Il parle de trahison de la part de nos amis, je ne pense pas que ce soit vrai. Leeroy ne pourrait jamais te trahir et il a dû jurer fidélité à la Vallée lors de son apprentissage, de même que Tarek. Quant à ce dernier, il a même fait un serment de sang envers les dragonniers. Ils ne trahiraient jamais les combattants.

Aïkida reprenait son souffle doucement sous le regard inquiet de son ami. Lorsqu'elle vit l'anxiété dans ses yeux ainsi qu'un léger malaise, son regard s'obscurcit légèrement alors qu'elle remettait son masque d'impassibilité.

— Athkor, ils ont juré fidélité envers les dragonniers. Pas envers nous.

Le dragon noir émit un sourd grondement, apportant de la chaleur à sa femme dragonnier.

— Le Masque Noir a réussi à semer le désarroi dans nos cœurs. Si tu doutes, ne leur parle pas de cette vision. S'il y a réellement eu des trahisons, moins ils en sachent, mieux c'est.

La Fille Gelée inspira profondément et se releva doucement, testant ses appuis fragiles.

        Comprenant qu'elle ne voulait pas leur révéler immédiatement le contenu de la vision, le jeune blond n'insista pas. Voyant qu'elle tenait debout, il reporta alors son attention à son frère d'arme toujours agenouillé au sol. Serrant la mâchoire, il lui tendit le bras pour l'aider à se relever.

        Tarek lui adressa un regard noir et se remit debout en ignorant la main du jeune blond. Encore fragiles, ses jambes étaient flageolantes mais lui permirent de se tenir droit sans trop de difficulté. Il redressa la tête et aperçut le regard blessé et désolé de son frère de combat.

        Sentant une haine monter en lui, il tourna les talons et s'apprêtait à partir quand Leeroy l'interpella :

— Tarek.

Le jeune brun s'arrêta, les poings serrés.