La Fille Gelée

Deuxième et troisième manche

         Le gong retentit. Les trente combattants poussèrent des cris de guerre et s'élancèrent vers le parcours. Ils se retrouvèrent alors face à un grand panneau de bois qu'ils se devaient d'escalader. Il y avait très peu de prises et c'était l'anarchie entre les combattants qui se précipitaient et se poussaient pour y accéder et le franchir rapidement.

        Aïkida réfléchit à vive allure et regarda autour d'elle. À côté du panneau de bois, se trouvait un long poteau, assez épais pour soutenir un ou deux hommes. Il ne paraissait pas utile au premier abord, et semblait seulement soutenir le pan à escalader, cependant, elle y aperçut des fentes. La jeune fille changea alors de direction et courut vers la gauche, vers le poteau de bois. Elle constata alors du coin de l'œil que quelques combattants la suivaient, venant de comprendre sa stratégie. La Fille Gelée se dépêcha donc d'escalader la poutre et faillit tomber plusieurs fois, les prises étant très étroites. À force de persévérance et d'efforts sur ses biceps et muscles fessiers, pendant quelques secondes qui lui parurent une éternité, elle arriva enfin au sommet et put apercevoir le parcours dans son intégralité. Mais elle n'eut pas le temps d'apprécier le paysage puisqu'elle constata également qu'une dizaine de combattants s'engageaient déjà vers le deuxième obstacle, et qu'elle, n'était qu'au premier.

         Evaluant les distances, Aïkida en déduisit qu'elle était à environ cinq mètres du sol. Sachant néanmoins qu'elle ne pourrait pas s'aider de magie pour atterrir, elle sauta dans le vide, faisant une confiance aveugle à ses nouvelles capacités obtenues par Athkor. La jeune fille voyait le sol se rapprochait dangereusement, et lorsque ses mains touchèrent le sable de l'arène en levant un nuage de poussière, elle enchaîna une roulade avant pour limiter les dégâts. Son dos la fit souffrir, tout comme ses chevilles et genoux, l'atterrissage ayant été raide. Quelle mouche m'a piquée de sauter d'aussi haut ! Elle mit quelques secondes à se relever et aperçut les combattants franchir le deuxième obstacle. Elle devait faire vite si elle voulait prétendre à la prochaine étape.

        Le second obstacle était une sorte de tunnel en bois très étroit dans lequel il fallait ramper pour passer. Aïkida aperçut qu'il était également possible de passer au-dessus, mais des gardes les attendaient, prêts à se battre. Seuls deux combattants avaient opté pour cette option, le reste, moins téméraire, se bousculait pour avancer lentement dans le passage étroit. La Fille Gelée analysa la situation, et conclut que le fait de passer par le haut serait beaucoup plus rapide, d'autant plus que le tunnel avait l'air assez long.

        La jeune fille se mit alors à courir et grimpa ensuite sur l'obstacle sans difficulté. Mais elle tomba nez à nez avec Leeroy ainsi qu'avec un garde. Ceux-ci se battaient déjà entre eux, mais si elle voulait passer, Aïkida devrait les faire tomber. Elle dégaina alors son épée de bois et s'avança vers le duel, prête à faire ce qu'il fallait. Le garde lui tournait le dos alors que le jeune blond lui faisait face, et lorsque celui-ci l'aperçut, une lueur espiègle s'alluma dans ses yeux tandis qu'il esquivait un coup de massue. Aïkida poussa alors le garde qui alla s'écraser deux mètres plus bas, sur le sable.

        Les deux jeunes gens se regardèrent, méfiants, puis hochèrent finalement la tête, se mettant d'accord d'un simple regard. Ils ne se battraient pas, mais essaieraient de s'en tirer à deux. Ils s'élancèrent alors sur la surface étroite et glissante du tunnel.

        Mais tout à coup, deux gardes grimpèrent et surgirent devant les deux jeunes gens. Un sourire féroce sur les lèvres, ils s'avancèrent vers les deux joueurs qui se lancèrent un regard entendu. Les combats commencèrent. Il était difficile de ne pas glisser ou tomber durant les duels et de maîtriser les adversaires. Mais coopérant habilement, les deux jeunes firent tomber les gardes au sol au bout de quelques secondes. Les deux amis ne prirent pas le temps de souffler, et se remirent à courir sur la surface glissante du tunnel en bois. À la fin de ce dernier, ils sautèrent et atterrirent gracieusement sur le sol, soulevant un fin nuage de poussière. Il n'y avait plus que quatre joueurs devant eux, les autres se bousculant encore devant et à l'intérieur du tunnel.