Chapitre 25

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- 6 mai 2023, Charles-

Merde ! Ce week-end est définitivement maudit. Xavi me demande comment je vais, mais je réponds sèchement par un simple "oui". La dernière chose que je veux, c'est parler. Je suis simplement furieux. J'avais de bonnes intentions, bordel. Et me voilà encore une fois face à un mur. Comme hier. Je frappe le volant de ma monoplace avant de m'en extraire pour rejoindre une moto qui me ramènera à mon box.

Une fois installé à l'arrière de la moto, je remarque des fans qui me poursuivent. Je fais de mon mieux pour les ignorer. Je suis trop en colère pour leur parler, de peur de dire quelque chose de blessant que je regretterais plus tard. Alors je les évite, même si cela me serre le cœur.

Je retire mon casque et ma cagoule, les remettant aussitôt aux mécanos. Xavi et Fred s'approchent de moi, mais honnêtement, j'ai juste envie de les envoyer balader. La colère bouillonne en moi, incontrôlable. Je lutte pour la contenir.

« Qu'est-ce qui s'est passé Charles ? »

Je laisse échapper un soupir de frustration tout en sentant mes poings se serrer. Ce qui s'est produit, c'est que je n'ai pas été à la hauteur, que je n'ai pas réussi à faire les choses comme il faut. Comme maintenant. Au premier virage, j'ai mal négocié ma trajectoire. Mes pneus ont accroché de travers. Je voulais simplement améliorer mon temps, rien de plus. Et voilà le résultat : je termine ma course dans le mur. Et pour couronner le tout, je partirai en 7ème position demain.

« On va parler tranquillement et...

- Je n'ai pas envie de parler. » Je dis séchement.

Je lance un regard chargé de reproches à Xavi et Fred, même si je sais qu'ils n'ont aucune responsabilité dans ce qui s'est passé. Ils m'ont prodigué des conseils tout au long de la Q3. Le problème, c'est juste moi. J'ai été têtu et je n'ai pas voulu écouter leurs recommandations.

Je décide de m'éloigner un moment et je me dirige vers le motorhome de l'équipe, désirant être seul avec mes pensées. J'escalade les marches jusqu'à l'étage, où je trouve Sofia, absorbée dans une conversation téléphonique. Elle me fait signe de patienter d'un geste de la main lorsque nos regards se croisent.

« Oui, on fait ça ! Bisous ! »

Elle met fin à sa conversation téléphonique, glisse son téléphone dans la poche de son pantalon, puis se retourne vers moi. Sans un mot, je me précipite dans ses bras, cherchant refuge dans ce réconfort familier. C'est le seul endroit où je me sens vraiment en paix... J'ai tout gâché, c'est évident. Je ne suis pas à la hauteur pour être dans cette écurie. C'est Jules qui méritait cette opportunité chez Ferrari, pas moi.

« Je suis mauvais... » Je dis.

Sofia se recule légèrement, détachant son regard du mien. Dans un geste à la fois brusque et délicat, elle me gratifie d'une petite gifle.

« Je t'interdis de dire ça, Charles Marc Hervé Perceval. Compris ? Tu n'es pas mauvais ! Quand est-ce que tu comprendras que c'est ok d'avoir des moments de faiblesse ? Charles, tu ne peux pas être tout le temps bon !

- Ouais mais...

- Mais quoi ? Tu t'es pris le mur. Dis-moi le nom d'un pilote qui n'a jamais fauté en F1. Dis-moi... Même Lewis s'est pris plus d'un mur. »

Je contemple ses paroles, laissant leur poids s'installer dans mon esprit tourmenté. La perfection, une chimère, une quête vaine dans un monde fait d'ombres et de lumière. Les erreurs, ces nuances qui tissent notre humanité, imparfaite et pourtant si riche. Je peine à accepter cette vérité, à reconnaître que ma présence en F1 n'est pas une question de mérite absolu, mais plutôt un voyage jalonné d'incertitudes et de leçons à apprendre.

Et si c'était écrit ? || Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant