Chapitre 13

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Sagitta, Douzième Royaume, Palais de Valyar.

Intimidée, Satia se figea. Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre en pénétrant le Palais, mais certainement pas à ce que quelqu'un patiente là exprès pour elle.

–N'ayez crainte. Entrez.

La jeune femme avança timidement de quelques pas. La porte se referma dans son dos, sans le bruit sourd auquel elle s'attendait. Elle se tenait dans un petit vestibule, des peintures garnissaient les murs autour d'elle et un tapis aux motifs typiquement niléen étouffait les sons.

–Suivez-moi, je vais vous conduire.

L'homme se détourna et elle fut bien obligée de le suivre ; elle ne s'imaginait pas rester plantée là, seule et perdue. Satia tenta de se rassurer : il portait la livrée du Souverain, un phénix stylisé prenant son envol sur un fond noir. Certainement l'un des domestiques du Palais, qui avait dû recevoir des consignes. Jamais encore elle n'avait été traitée comme une invitée de marque.

Ils parcoururent plusieurs couloirs et Satia renonça à savoir où elle allait. Elle était complètement perdue.

Son guide finit par s'arrêter et frapper à une porte, puis ouvrit et lui fit signe d'entrer. Satia voulut demander des explications, et se retourna pour trouver porte close. Elle ravala sa salive. Si elle tombait encore dans un piège de l'Empire, son père aurait sa peau.

–Tu peux approcher.

Satia se sentit rougir d'embarras. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle n'était pas seule.

Des cheveux noirs et bouclés, des yeux verts perçants, une barbe courte soigneusement entretenue encadrant un visage hâlé...

Satia faillit s'étouffer. Elle était en présence du Souverain des Douze Royaumes. Elle s'apprêtait à plonger dans une révérence quand il l'arrêta.

–Ne t'embête pas avec le protocole. Viens. Nous devons parler.

La jeune femme avait l'impression qu'une boule d'angoisse nouait sa gorge. Elle s'approcha du fauteuil que Dionéris lui désignait avec circonspection et promena son regard autour d'elle. Le petit salon dégageait une atmosphère intimiste. Nulle fenêtre ne perçait les murs, pourtant une lumière douce et tamisée imprégnait les lieux. Satia se demanda comment ce miracle était possible alors qu'elle ne voyait nulle lampe.

Il n'y avait pas d'autre fauteuil, seule une petite table basse la séparait de Dionéris. Un plateau avec une théière et quelques douceurs y était posé. Tout était préparé pour qu'elle se sente à l'aise, et pourtant, elle ne parvenait pas à se détendre.

–Je suis là pour répondre aux questions que tu te poses.

–Je ne peux pas gâcher ainsi votre temps...

À sa surprise, il éclata de rire.

–Je choisis de comment je dispose de mon temps, jeune demoiselle.

Satia était totalement décontenancée et n'arrivait plus à réfléchir. Elle aurait voulu fuir, mais cette option n'était pas disponible dans cet espace clos. Satia se figea soudain comme les paroles de son ami Lucas lui revenaient en mémoire. La fuite était devenue son premier réflexe face à l'adversité. Cette pensée l'horrifia. Elle ne voulait pas passer le restant de ses jours à fuir.

–Pourquoi moi ? s'entendit-elle demander.

–Nous avons étudié ton dossier. Au vu de tes résultats, tu étais promise à un brillant avenir.

–Je ne suis pas la seule dans ce cas, rétorqua-t-elle.

Le Souverain la dévisagea.

–C'est vrai. Tu as aussi beaucoup voyagé. Tu as expérimenté le savoir théorique qui t'a été enseigné. Tu possèdes de fait une ouverture d'esprit qui manque à certains de tes camarades.

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