Chapitre 23

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Sagitta, Douzième Royaume, Palais de Valyar.

Satia descendait les escaliers de la haute Tour où elle avait ses appartements, les deux soldats de la Garde du Phénix sur ses talons. Les deux hommes n'en menaient pas large après le sermon qu'elle leur avait servi, et Satia avait été claire : elle attendait une conduite irréprochable de la Garde, ou le Commandant Farid en entendrait parler.

Marche après marche, la jeune femme sentait sa détermination vaciller en même temps que sa colère s'éteignait. Damien avait toujours été arrogant, et qu'il soit suprêmement beau n'avait fait que mettre toutes les femmes à ses pieds. Jamais il ne pourrait comprendre qu'elle ait pu le rejeter ainsi.

Contrairement à elle, Damien serait parfaitement capable de consentir à une union pour le décorum et le pouvoir qui allaient de pair.

Satia lui apprendrait qu'il ne s'agissait pas du bon moyen pour la reconquérir. Eraïm qu'elle redoutait ce repas ! Elle détestait porter un masque et jouer avec les Seyhids. Pourquoi étaient-ils si sensibles aux commérages ?

Ils n'avaient rien d'autre à faire de leurs journées, songea-t-elle amèrement. Leurs parents étaient en charge des affaires des Seycams, mais eux étaient désœuvrés.

Tandis qu'elle s'efforçait de garder une allure digne, se refusant à courir, la Durckma réfléchissait déjà à toutes les implications.

Damien serait-il là avant elle ? Aurait-il rallié les Seyhids à son point de vue ?

Le soir, la jeune femme laissait en général son diadème dans ses appartements, pour profiter en toute décontraction d'un repas simple et tranquille avec ses compagnons. Certes, Satia avait tissé des liens avec eux, et plusieurs se réclamaient de ses amis, pourtant elle ne parvenait à se fier à aucun d'entre eux.

Elle maudit une nouvelle fois la vie mouvementée qui avait été la sienne avant de se morigéner. Se plaindre n'allait pas résoudre ses problèmes par miracle. Peut-être qu'une visite au temple d'Eraïm l'apaiserait. Depuis l'attaque des Faucons Noirs, elle dormait mal et imaginait le pire. Devenir paranoïaque n'était pas une solution.

–Bonsoir, Satia.

La jeune femme sursauta en constatant qu'elle était arrivée à destination. Perdue dans ses pensées, elle n'avait prêté aucune attention aux alentours. Autant pour la vigilance !

–Bonsoir, Joya, répondit-elle avec un sourire.

La Niléenne l'invita à entrer.

–Viens attendre à l'intérieur, tous ne sont pas encore arrivés. Fédric ne sera pas là ce soir, ajouta-t-elle avec une moue contrariée. Il parait que la Garde du Phénix a doublé ses tours de garde...

–Exact, confirma Satia. Et le Commandant Farid leur mènera la vie dure tant que ses questions resteront sans réponse.

Une excellente chose, selon elle, et tant pis si Joya était privée de son amant.

La fille du Djicam Michnor eut un soupir à fendre l'âme avant d'emprunter les escaliers pour monter à l'étage. Comme souvent, une salle leur avait été réservée.

–J'avoue que j'avais quelques réticences au début, continua Joya, mais Fédric est vraiment... extraordinaire. Enfin, tu me comprends, j'imagine.

Le clin d'œil était suffisamment explicite pour que Satia rougisse. Avant que la jeune femme puisse récupérer de son trouble, Joya saluait Ristrale do Lilans, centauresse à la robe d'orange vif. Malgré sa corpulence, elle était étonnamment délicate et enserra les deux jeunes femmes pour les saluer.

Les Douze RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant