Chapitre 41

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Iwar, Septième Monde.

Le Commandeur des Maagoï, Éric aux Ailes Rouges, était arrivé tôt le matin avec sa navette personnelle pour juger des progrès des nouvelles recrues. Son second, le sous-commandeur Ralf, s'était personnellement occupé d'organiser les rafles sur les Douze Royaumes. Des adversaires pour les futurs Maagoïs. Ceux qui n'arriveraient pas à battre ces faibles ne seraient jamais dignes d'être de vrais guerriers.

La discipline était stricte, les blessés restaient livrés à leur propre sort. Les portions de nourriture étaient inférieures au nombre de soldats. Il fallait se battre pour tout : Iwar était un véritable enfer.

Les hommes dormaient dans des abris, constitués de quatre murs blanchis à la chaux, d'un toit de chaume et d'un sol en terre battue. Ces "carrés" habitables, appelés blocs, ne mesuraient que quelques mètres de côté. À chaque bloc étaient affectées trente recrues. Et quinze rations étaient distribuées une seule fois par jour pour chaque bloc.

La journée commençait avec le lever du soleil, par des exercices d'endurcissement, de sélection ; des courses d'orientation dans les forêts avoisinantes, des combats, une activité sportive intense. Éric visitait régulièrement les lieux, surveillant soigneusement chaque recrue. Il notait ceux qui possédaient une étincelle de haine dans leurs yeux. Tous ceux qui le haïssaient, il les désignait pour les sacrifices de l'Arkom Samuel, ou pour nourrir les créatures de l'Empereur.

Pour conserver son titre, il ne devait accepter que ceux qui le craignaient - qui ne risquaient pas de tenter de briguer sa place. Il jeta un coup d'œil à Ralf, son second qui le suivait à quelques pas de distance. Ralf était en train de devenir dangereux. Il n'avait jamais apprécié qu'un ex-Massilien, pour lui un esclave, vienne prendre la place à laquelle il était destiné. Mais il savait qu'il n'aurait jamais le dessus dans un combat. Il ne lui restait alors plus que deux armes, la ruse et la rumeur. Ralf n'attendait qu'une chose : qu'Éric perde son crédit auprès de l'Empereur.

Le Commandeur n'entendait pas lui laisser une telle opportunité. Les Maagoï n'avaient aucun sens de l'honneur. La force était la seule règle à laquelle ils obéissaient. Et pour ce que l'on ne pouvait obtenir par la force, il y avait les complots et les guets-apens. Cependant ses ennemis n'étaient pas qu'au sein des Maagoï. De nombreux Seigneurs lui enviaient sa place privilégiée, et le fait qu'il ait la confiance de l'Empereur Dvorking, Orssanc lui prête sa force. Il avait déjà reçu de nombreuses propositions de corruption : il avait tué tous les messagers. Il avait tout renié de son passé, délaissant l'honneur pour la gloire, pour le pouvoir. Sa loyauté allait à l'Empereur, et son héritage Massilien ne lui permettait pas d'en changer. Il avait choisi de vouer sa vie à cet homme exceptionnel, dont le pouvoir était infiniment plus grand que celui d'un Djicam ou même d'un Souverain.

Des échos de pas précipités arrivèrent jusqu'à ses oreilles. Il sentit Ralf se tendre.

–Laisse. Je m'en occupe.

–Comme vous voudrez, Commandeur, répondit le Maagoï avec une légère inclinaison de tête.

Éric posa négligemment sa main sur la garde de son épée. Qui venait le défier ici, sur son domaine, sur Iwar ? Les pas se rapprochaient. Il écouta attentivement. Seulement quatre personnes. Quelle que soit la personne qui les avait envoyés, elle s'était montrée négligente. Il avait déjà survécu à des attaques portées par huit assassins d'élites. Avec de la chance, certes, mais tout de même.

Le Commandeur se retourna lentement vers ses adversaires. Essayer de l'attaquer par derrière était une bonne chose, mais il fallait faire preuve d'un peu plus de discrétion. Ils essayaient de se déplacer comme des Maagoï ayant parfaitement leur place ici, sauf qu'ils n'étaient pas autorisés à pénétrer dans cette zone. Seuls Ralf et lui-même le pouvaient. Ils avaient commis une erreur de débutants en ne se renseignant pas sur les lieux. Ils seraient des adversaires pitoyables. Il ne leur laissa pas le temps de s'approcher plus avant. Il dégaina lentement la lame sombre en Kloris. Le cristal grinça en frottant contre le fourreau métallique. Des reflets jouaient sur la lame polie. Un sourire carnassier étira ses lèvres.

Les Douze RoyaumesWhere stories live. Discover now