Chapitre I

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I.

France,

Novembre 2011.

 

 

 

     Je repassais une dernière fois devant le miroir de la salle de bain pour m’assurer que ma tête ne ferait pas peur à mes camarades. Après m’être passé un peu de poudre sur le visage, appliqué une légère couche de mascara sur mes cils et retouché quelques mèches rebelles sur ma tête, je descendis prendre le petit-déjeuner.

     J’y retrouvais alors ma tante, Cristina, qui finissait sa tasse de café. C’était une très belle femme de presque 40 ans, grande et fine, à la magnifique chevelure rousse. Ses cheveux lisses finissaient leur course au niveau de ses épaules, et on pouvait alors distinguer des vêtements d’une classe incomparable qu’il m’arrivait souvent de lui envier.

     -Bonjour Cris ! lui lançais-je en sortant un bol et un paquet de céréales du placard de la cuisine.

     -Bonjour Spencer ! répondit-elle en me souriant. Je t’ai laissé de la monnaie pour le bus sur la table avec un billet, au cas où tu es prévu de sortir cet après-midi. On se voit ce soir ? continua-t-elle tout en enfilant une veste et un foulard.

     Le temps pour moi de lui souhaiter de passer une bonne journée et elle avait déjà passé la porte. Elle était architecte à plein temps, ce qui lui en laissait peu pour moi. Elle était venue habiter à la maison à la mort de ma mère lorsque j’avais trois ans, et n’ayant pas de père, elle a donc assuré seule une grande partie de mon enfance. Ce qui est étonnant, c’est que nous n’étions pas si proches pour autant. J’imagine qu’à l’âge de 26 ans elle n’avait pas prévue de se retrouver avec une petite fille sur les bras du jour au lendemain, j’avais donc décidé de la laisser vivre pleinement ses prochaines années, en contrepartie de toutes celles que je lui avais prises. J’avais désormais 17 ans et cela lui permettait de souffler un peu.

     Après avoir fini de manger, je remontais chercher mon sac et une écharpe dans ma chambre. Je me rendis alors compte qu’un petit peu de ménage s’imposait. La maison était grande et très moderne mais toujours propre et bien rangée, à l’exception de ma chambre. Aucun objet n’avait vraiment bougé depuis l’arrivée de ma tante, si bien que la maison était moderne mais que la décoration avait un peu de mal à suivre. L’assistante sociale avait insisté auprès de Cristina pour que ce soit elle qui déménage, assurant ainsi plus de stabilité dans mon enfance. Ni elle ni moi n’osions toucher quoi que ce soit. De l’extérieur, elle avait l’allure de deux cubes emboîtés l’un dans l’autre et de l’intérieur, c’était un vrai labyrinthe pour les personnes n’ayant pas l’habitude de venir.

     Je redescendis aussitôt, enfilant mon manteau et mon tout nouveau bonnet en laine bordeaux avant de passer le seuil de la maison, mon sac au bras. En ce mois de novembre, l’air était encore très frais et le jour n’était pas encore levé, j’optais donc pour une parure bien chaude. Après avoir lutté contre le givre bloquant la serrure et avoir enfin réussi à fermer la porte d’entrée, je pris la route pour mon arrêt de bus.

Amor MortisWhere stories live. Discover now