Chapitre X

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X.

     -J’avais oublié à quel point j’appréciais de finir les cours à seize heures ! s’exclama Jeanne en franchissant le portail du lycée. Dommage que la pluie soit au rendez-vous !

     Le mardi était en effet le seul jour de la semaine qui nous offrait le luxe de finir les cours assez tôt. La plupart du temps, nous en profitions même pour nous retrouver tous ensemble, sur un banc, à discuter de tout et de rien. Surtout de rien. Mais avec la pluie battante qui sévissait sur nos têtes, la plupart d’entre nous avions décidés de rentrer chez nous et de remettre notre escapade à plus tard.

     Les conducteurs de bus étant en grève et nos parents étant encore au travail, nous étions donc tous réduits à rentrer chez nous à pieds. Nous nous séparions donc après des au revoir volontairement brefs, prenant chacun la route de notre chez nous.

     Mon chemin était particulièrement long et j’avais fais la lamentable erreur de ne pas regarder la météo ce matin, laissant mes accessoires anti-pluie au placard. Sans écharpe, j’allais sûrement attraper un bon rhume, mais je ne pouvais m’en prendre qu’à moi.

     -Spencer ?

     Sous le bruit tambourinant de la pluie et celui du vrombissement de son moteur, je ne pus presque pas distinguer le son de sa voix. Mais même ce murmure à peine audible avait suscité en moi une vague chaleureuse d’espoir.

     -Tu montes ? me proposa-t-il avec un clin d’œil alors que je le toisais comme s’il était un pompier venant me sauver des flammes.

     Sauf qu’en l’occurrence, il était un sauveteur venant me sauver de la noyade.

     -Pourquoi pas ? lui répondis-je en tentant de contenir mon immense joie.

     Je grimpais donc dans la voiture d’Austin, demandant pardon pour lui avoir trempé son siège. Il me toisa de son plus doux regard, visiblement amusé.

     -Spencer après le passage sous une pluie battante n’est pas la chose la plus désagréable que j’ai vue, je dois l’avouer, dit-il tout en reprenant la route.

     Etonné, mais flattée par ses propos, je fis mine d’être vexée de sa moquerie, ce qui le fit rire encore plus. Il retira alors sa main droite du volant, la déposant sur ma cuisse. Mon Dieu. Il était vraiment temps que je cesse de ressentir ce plaisir dès qu’il me touchait, c’était affreusement gênant. J’avais toujours eu l’habitude de me contrôler, pourquoi ça ne marchait pas avec lui ?

     Ou alors, il allait falloir que nos presque baisers des jours précédents deviennent de vrais baisers. Je ne tiendrais pas longtemps.

     -Fais attention de ne pas prendre feu, tu deviens toute rouge ! s’esclaffa-t-il.

     Et voilà. Mon manque de self-control m’avait inévitablement conduit à passer pour une gourde. Je m’étais trompée, Austin n’était pas le pompier, il était l’incendiaire. Et je le détestais pour ça.

     -Tout compte fait, je préfèrerais rentrer à pieds. Peux-tu me déposer ? lui demandais-je, espérant qu’il refuserait mais qu’il resterait à sa place pour le reste du voyage.

     -Tu es sûre de toi ? me questionna-t-il avec ce regard si envoûtant.

     « Il ne fallait pas que je me démonte. Il ne fallait pas que je me démonte. Tant pis pour moi, ça m’apprendra », me répétais-je en boucle pour me convaincre.

     -Oui, je suis sûre, lui répondis-je en mettant le maximum de conviction dans ma voix.

     -Très bien, dit-il en s’arrêtant sur le bord de la route. Bonne soirée Spencer.

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