Chapitre IX

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IX.

     Et voilà. Encore une fois je n’arrivais pas à dormir. J’ignorais la cause de ces insomnies mais depuis quelques jours, je ne dormais que quelques heures et mes nuits étaient mouvementées. Je me retrouvais donc encore une fois dans la cuisine à quatre heures du matin, tentant de m’endormir avec de la tisane.

     Nous étions revenus de notre voyage à Paris vers minuit et le lycée nous avait gentiment accordé une grasse matinée. Je n’avais ainsi pas cours ce matin, ce qui était de bon augure étant donné que je n’avais dormi que deux heures jusque là.

     Les yeux fixés sur un mur, je repensais à la journée d’hier. Je repensais à Austin qui avait fait l’effort de nous rejoindre, moi et mes amis, pour passer la fin de la journée. Après avoir profité de notre temps libre à la Tour Eiffel, l’équipe pédagogique nous avait emmenés en visite libre au musée Grévin. Je dois avouer que l’on s’était vraiment amusé et ce fut une bonne occasion pour mes amis et pour Austin d’apprendre à se connaître. Dans le bus du retour, ce dernier m’avait d’ailleurs remercié d’avoir insisté à ce qu’il vienne. Il a, semble-t-il, beaucoup apprécié la bande. Même Robin paraissait avoir changé d’avis sur le sujet, ce qui m’avait fait le plus grand plaisir.

     -Mais qu’est-ce que tu fais debout à une heure pareille ?!

     Je poussais un cri, surprise de la présence de ma tante qui m’avait tiré de mes rêveries de manière assez brutale. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que je cru m’étouffer avec.

     -Oups… désolée ma chérie, dit-elle avec un sourire coupable. Je ne voulais pas te faire peur mais quand j’ai vu la cuisine allumée j’ai cru à un cambriolage.

     -Je t’ai réveillé ? lui demandais-je, inquiète.

     -Non non ne t’inquiète pas, je suis levée parce que mon réveil a sonné. Je suis de déplacement aujourd’hui alors je dois partir tôt. J’ai oublié de te le dire hier soir, je suis désolée de te prendre de court.

     Décidemment, quand elle m’a fait savoir il y a quelques jours que nous nous verrions beaucoup moins, elle ne m’a pas menti. Enfin, ma position sur cette situation n’avait pas changée, j’étais toujours pour le fait qu’elle s’épanouisse dans son travail.

     Après le départ de ma tante pour le travail, j’étais déterminée à dormir encore quelques heures, ne souhaitant pas me laisser vaincre par mes insomnies. Mais j’ai compris que c’était peine perdue lorsque je me suis réveillée en sursaut et en sueur quelques dizaines de minutes après m’être rendormie. Assis sur mon lit, haletante, je retirais ma couette qui me faisait l’effet d’une couverture en plein désert. Le regard fixé sur la commode poussiéreuse qui supportait le poids de cet affreux réveil, il me prit l’envie de faire du ménage. Peut être que passer un coup de chiffon et d’aspirateur m’aiderait à dormir. Et étant donné que j’étais désormais seule à la maison, je ne risquais pas de réveillé qui que ce soit.

     Je me rendis donc dans le garage où ma tante entreposait bibelots et objets d’entretien. L’aspirateur se trouvait derrière un tas de cartons contenant un peu de tout et surtout de n’importe quoi. Il est vrai que la femme de ménage avait tendance à amener ses propres outils, si bien que cet aspirateur là, lui-même plus poussiéreux que mes meubles, n’avait pas servi depuis un moment.

     M’aventurant au milieu des cartons, je vis que l’un d’eux contenait encore quelques affaires toutes droit sorties de la garde-robe de ma mère. Mon but étant de dormir et non pas de veiller en pleurant, je passais mon chemin tant bien que mal, me retenant de sortir un de ses hauts de soie afin d’en humer son odeur. Fière d’avoir réalisé cet exploit et d’avoir enfin atteint l’aspirateur, je m’aperçus cependant au retour qu’une feuille de papier avait été placée entre les vêtements et une paroi du carton. Ce papier que je n’avais pu apercevoir à l’aller suffit à aiguiser ma plus grande curiosité au retour. Laissant de côté ma bonne résolution du soir, je glissais donc ma main dans le carton, y extirpant ainsi le bout de papier qui en fait n’en était pas un.

Amor MortisWhere stories live. Discover now