Chapitre III

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III.

     -Alors ce cinéma hier, tu t’es bien amusée ? me demandait ma tante qui avait pour une fois depuis longtemps un peu de temps à m’accorder pour discuter.

     -Oui, c’était super ! Le film était génial et c’est rare que l’on soit tous ensemble quand on sort alors on en a profité, lui répondis-je avec enthousiasme. Et toi le travail, tu as des projets intéressants en ce moment ?

     Cristina me considéra de ses yeux gris pétillants, un grand sourire fendant son visage. J’imaginais que cela lui faisait plaisir que je m’intéresse à ce qu’elle faisait, car il est vrai que nous ne parlions pas vraiment d’études et de travail. Ma tante se leva de sa chaise et tout en allant porter sa tasse de café à l’évier, elle me répondit enfin :

     -Je crois que j’ai là le plus gros client que j’aurais pu espérer ! Ces souhaits quant à la construction de sa maison sont remarquables et je suis vraiment à l’aise avec ce projet. J’espère que tu comprendras que je sois prochainement un peu plus absente à la maison, me dit-elle en attendant ma réponse avec anxiété.

     Je me doutais bien que ce temps libre avec elle serait de courte durée, et peut être même que nous avions cette discussion parce qu’elle le voulait dès le départ. Elle souhaitait sans doute m’apprendre son futur absentéisme. Je ne pouvais la blâmer pour cela, j’étais vraiment contente pour elle et je choisis de la féliciter plutôt que de montrer ma déception :

     -Génial ! Je suis vraiment heureuse pour toi et je te souhaite de réussir ce projet avec brio, tu le mérites, lui lançais-je avec un grand sourire qui, je l’espère, la convaincrait qu’il ne fallait pas qu’elle loupe cette chance pour moi.

     Elle me toisa, le visage illuminé, heureuse comme je ne l’avais jamais vu auparavant. En face d’elle, aux vues du regard qu’elle me jetait, j’avais l’impression d’être exceptionnelle, comme si je venais de la soulager d’un poids immensément lourd. Je n’ose même pas imaginer à quel point elle a dû angoisser, et depuis combien de temps.

     Après un long instant à me regarder sans rien dire avec un rictus figé sur son visage, elle bougea enfin ses membres et ouvrit enfin la bouche :

     -Tu es formidable Spencer ! J’avais tellement peur que tu te sentes délaissée. Je ne suis déjà pas souvent présente à la maison avec toi et je m’en veux déjà pour cela, j’ai l’impression de ne pas être la tutrice que tu mérites d’avoir. Je suis vraiment soulagée que tu ne m’en veuille pas. Tu es d’une grande générosité, tu tiens cela de ta mère, c’était une femme incroyable ! me dit-elle, émue, tout en me prenant dans ses bras. J’ai un peu de temps pour te déposer au lycée si tu le souhaites, ajouta-t-elle avec un sourire.

     Je m’activais donc à mon tour pour déposer mon bol dans l’évier et mon paquet de céréales dans le placard. Je remontais en vitesse dans la salle de bain pour me brosser les dents et enfilais ma paire de chaussures tandis que ma tante enfilait son magnifique manteau beige. Je mis le mien et enfilais mon écharpe tout en m’adressant à ma tante :

     -Au fait Cris, le championnat de handball reprend, j’ai donc entraînement ce soir jusqu’à 20h et le premier match se déroulera samedi, l’informais-je.

     -On va pouvoir dîner ensemble ce soir dans ce cas, me dit-elle avec un sourire tout en sortant les clés de la voiture de son sac à main.

     Je prenais mon sac de cours et fermais la porte d’entrée derrière nous. Ma tante monta dans la voiture, et en faisant de même, j’ajoutais :

     -Et le lycée organise une sortie à Paris lundi, je vais donc partir tôt et probablement rentrer tard, ça ne te dérange pas ?

     -Ah oui ? Non ça ne me dérange pas du tout au contraire, tu vas t’amuser ! me répondis ma tante, tout en démarrant la voiture et en prenant la route.

Amor MortisWhere stories live. Discover now