Chapitre XVII

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XVII.

     -Spencer ?!

        Elle était là, devant ma porte, le poing en l’air. Elle m’avait tellement manqué. Je ne l’avais pas revu depuis le périple de la semaine dernière. Affronter son regard et la convaincre que je ne lui voulais plus aucun mal ne furent pas choses faciles. Mais j’avais finalement réussi, à mon plus grand soulagement. « Tu mérites d’être heureux… et cela implique que je dois te laisser partir », m’avait-elle dit. Ce qu’elle peut être têtue et stupide. Mon bonheur, c’est elle.

     Elle se retourna dans un sursaut et me fit face. Ses magnifiques yeux verts se plongèrent dans les miens et mon cœur manqua un battement. Ils m’avaient manqué eux aussi. Ses yeux, ses magnifiques cheveux bruns ondulés aux reflets dorés, ses lèvres pincées quand elle était perplexe et ses sourcils froncés quand elle était agacée. C’est vrai, il m’arrivait de lui lancer quelques piques rien que pour la mettre en colère. Elle était si belle.

     Elle me regardait avec étonnement et malice, ce qui me sortit de mes pensées. Je sortais de la salle de bain et je ne portais qu’une serviette à la taille. Elle avait l’air amusée par la vue, ce qui rendait la situation encore plus délicate. Dans un élan, je la détournais pour rentrer dans ma chambre.

     -Donne moi cinq minutes, je vais enfiler quelque chose, lançais-je rapidement avant de fermer la porte.

     J’ouvris un tiroir et en sortis un jean et un t-shirt. J’enfilais le tout et jetais un regard autour de moi. Un léger rangement s’imposait. Je m’étais un peu laissé aller ces derniers jours et je ne voulais pas qu’elle en soit témoin.

     Ma chambre était une pièce assez grande mais décorée très simplement. Cela faisait presque dix ans que j’y vivais mais je ne voyais pas l’intérêt de la personnaliser avec des objets qui seraient vite démodés et qu’il faudrait changer. Le prix à payer pour l’Eternité.

     Une fois la pièce plus ou moins rangée, je retournais chercher Spencer dans le couloir. Elle attendait, appuyée contre le mur d’en face, les yeux sur son téléphone.

     -Je suis désolé, je ne m’attendais pas à ce que tu me rendes visite, dis-je en souriant.

     -J’ai quelque chose à te dire, dit-elle à son tour.

     Elle semblait excitée. Je n’arrivais pas à savoir si je devais être content ou inquiet, je ne l’avais jamais vu comme ça.

     -En fait, non. Je ne vais rien te dire, ajouta-t-elle après un court silence.

     Je laissais s’échapper un petit rire. « Tu joues avec mes nerfs Spencer, ce n’est pas très gentil », pensais-je. Je ne comprenais pas où elle voulait en venir, je me contentais donc d’attendre.

     -Si je t’en parle avant, tu ne me laisseras pas faire. Et puis les paroles ne sont rien sans les actes, pas vrai ?

     Je la regardais, perplexe, les sourcils froncés et le regard interrogateur. Je ne voyais toujours pas ce qu’elle essayait de me faire comprendre.

     L’instant d’après, elle fit les quelques pas qui nous séparaient. Dans un geste vif à peine perceptible, elle posa ses mains sur chacune de mes joues, se hissa sur la pointe des pieds, et avant même que je ne pus l’en empêcher, déposa ses lèvres sur les miennes. Je la repoussais, un peu trop brusquement, et la fixait, le regard plein de colère.

     Elle me regardait, étonnée et étrangement sereine. Faites qu’elle n’ait pas fait ce qu’elle vient de faire ! La tristesse remplaça la colère et je la fixais toujours, attendant l’effroyable moment où elle prendrait feu. Pourquoi avait-elle fait ça ?! Je refusais de vivre cette vie sans elle.

Amor MortisWhere stories live. Discover now