Chapitre XVI

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XVI.

    Il faisait beau aujourd'hui. Enfin, pour une fois depuis un moment on pouvait voir le soleil briller à travers les nuages. L'air était toujours aussi atrocement froid, à ne jamais savoir comment s'habiller pour ne pas geler une fois dehors.

     Mais je faisais abstraction de ces pensées pour me focaliser sur mes jambes chauffées par la chaleur du radiateur, et sur mon visage chauffé par les rayons du soleil. Appuyée contre la fenêtre, je me relaxais ainsi en écoutant de la musique avec mes écouteurs.

     J'étais perdue dans mes pensées lorsqu'une main vint se poser subitement sur mon épaule, ce qui me fit sursauter. Je retirais un écouteur de mon oreille et me retournais face à ma tante.

     -Ça fait 3 fois que je t'appelle !

     -Désolée Cris, j'écoutais de la musique, je ne savais pas que tu étais rentrée.

     -J'ai ce que tu m'avais demandé.

     Je m'empressais de prendre le bout de papier qu'elle me tendait et de le déplier.

     -Tu nous mets tous en danger Spencer, j'espère vraiment que ça en vaut la peine, ajouta-t-elle le regard inquiet.

     -Cris, c'est mon père, j'ai besoin de le rencontrer. Ce sera la seule et unique fois. Je te promets de faire attention, répondis-je en mettant ma main sur son épaule pour la rassurer.

     J'avais demandé à ma tante de contacter mon père pour moi et de nous arranger un rendez-vous. Elle était la seule qui savait comment le joindre. Je dépliais donc le papier et y découvrais la magnifique écriture de mon père. La même que celle qui ornait mon médaillon de son « Amor Mortis ».

     « 10/12. 17h. »

     -Mais, c'est ce soir ! M’exclamais-je, surprise.

     -Il a sans doute très hâte de te voir, murmura ma tante avec un sourire tout en caressant ma joue du dos de sa main.

     Cela faisait maintenant une semaine que j’avais eu ce rendez-vous avec Austin. Et je ne l’avais pas revu depuis. Ce n’est pas que je n’en avais pas envie, bien au contraire. Seulement, il était déjà tellement meurtri que je ne me sentais pas prête à démarrer une relation avec lui si cela impliquait que sa souffrance soit plus grande. Il était mieux pour lui que je reste éloignée. Mais ce n’était pas facile. En fait, c’est horriblement douloureux de rester éloignée de la personne qu’on aime.

     J’avais donc décidé de rencontrer mon père.

     J’étais à l’adresse indiquée par ma tante, une imposante grotte cachée sous une falaise de la forêt du coin. Je n’étais désormais plus qu’à quelques instants de ce moment. Le moment où j’allais revoir mon père disparu depuis maintenant plus de quatorze ans. Je l’avais cru suffisamment lâche pour m’avoir abandonné à la naissance, et je l’ai ensuite cru mort en grandissant. Mais dans quelques minutes, j’allais le voir, en chair et en os.

     Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que je pouvais l’entendre à mes oreilles. Je regardais le magnifique paysage qui s’offrait à moi, par l’ouverture de la grotte. Le soleil se couchait ce qui donnait aux nuages leur teinte rose-orangée. La lune se dessinait peu à peu, entourée de quelques étoiles scintillant déjà. Quelle belle journée pour commencer le début d’une nouvelle vie.

Amor MortisWhere stories live. Discover now