Chapitre IV

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IV.

     -Je crois que l’équipe est prête. Mais ça ne va vraiment pas être facile à jouer. On aurait aimé débuter le championnat avec un bon résultat mais en tombant contre Dijon pour ce premier match, ce n’est pas gagné ! confessais-je à Robin, qui était assis à l’avant de la voiture à côté de son père.

     -Au contraire, débuter le championnat contre une très bonne équipe vous permettra de réajuster à temps vos points faibles et ça vous renforcera pour la suite, m’encouragea-t-il. Et puis on sera là pour vous supporter, ne t’en fais pas ! ajouta-t-il en m’adressant un clin d’œil dans le rétroviseur de la voiture. Te voilà arrivée !

     -Merci Mr. Dupontel ! A samedi Robin ! dis-je avec un sourire tout en descendant de la voiture qui s’était arrêtée devant l’allée de la maison.

     Lorsqu’on avait entrainement de handball, les parents de Robin avaient la gentillesse de me ramener chez moi plutôt que de me laisser rentrer en bus. Cela m’arrangeait ce soir plus que jamais car j’avais beaucoup de choses à faire avant que ma tante ne rentre à la maison. J’ouvrais donc la maison et m’empressais de poser manteau et sac de sport dans l’entrée. Je montais les marches deux par deux et me rendais dans la salle bain pour prendre une douche.

     Sur le plan de travail de la cuisine, protégé par une planche à découper, j’épluchais et coupais les légumes. Je voulais préparer un bon petit plat pour l’occasion, car cela faisait bien au moins deux semaines que je n’avais pas pris un vrai repas avec Cristina. Je plaçais donc ensuite mes légumes dans une casserole, ajoutais de la sauce tomate et allumais le feu.

     En attendant que ma ratatouille ne soit prête et que le rôti dans le four ne soit cuit, je m’installais sur la table du salon afin de m’avancer sur mes devoirs. Je sortis donc les affaires de mathématiques de mon sac, mais en ouvrant mon cahier, un papier s’échappa et vint tomber sur mes genoux. C’était le numéro d’Austin qu’il m’avait laissé le midi même. Je ramassais donc le papier et le retournais sur la table, avant de sortir un stylo et d’ouvrir mon livre. J’avais beau essayer de me concentrer sur mon équation, mon regard ne cessait de se diriger vers le petit papier posé non loin. Je n’allais pas l’appeler. Du moins je ne crois pas. Je ne saurais même pas quoi lui dire. Mais d’un autre côté, si je ne l’appelais pas, non seulement je n’en terminerais jamais avec cette corvée de cadeau mais en plus je n’en finirais jamais non plus avec mes exercices de maths. Je me levais et allais donc prendre mon téléphone portable dans mon manteau avant de taper les numéros inscrits sur le papier dans une magnifique écriture.

     -Je savais que tu appellerais ! répondit Austin après quelques tonalités.

     C’est une blague ? Rien que le fait qu’il ait deviné que j’allais appeler me donnait envie de raccrocher. Je n’aimais pas être aussi prévisible. Encore moins avec lui.

     -Comment as-tu su que c’était moi ? lui demandais-je, méfiante.

     -C’est que tu es comme qui dirait… privilégiée, dit-il d’un ton calme et posé avec un brin de séduction dans la voix.

     J’étais donc la seule à qui il ait donné son numéro. Etonnant, étant donné le nombre de filles qui lui courent après.

     -As-tu du temps pour quelques questions ? lui demandais-je tout en prenant une feuille vierge et un crayon, prête à noter les informations qu’il voudrait bien me fournir.

     -Non.

     -Tu es sérieux ?! m’exclamais-je, ahurie.

     -Je n’aime pas faire ça par téléphone, je préfère voir mon interlocuteur quand je lui parle, répondit-il d’un ton sournois et assuré.

Amor MortisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant