Chapitre 8 : Pré-au-Lard

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Hermione poussa un soupir en s'emmitouflant dans sa cape. Le froid commençait à s'installer gentiment, les couleurs d'automne ayant remplacé la lumière et le soleil de l'été. Cette période de l'année ne lui donnait envie que de se pelotonner dans un des canapés moelleux de leur salle commune, au coin du feu, et de bouquiner un peu. Mais au lieu de ça, elle allait à Pré-au-Lard avec ses meilleurs amis. Bien sûr, elle était contente d'y aller, de passer un peu de temps avec eux et de retrouver les jumeaux. Mais, une crainte sourde l'assaillait, elle n'était pas retournée à Pré-au-Lard depuis un petit moment, elle savait que le village avait souffert de la guerre, qu'il avait été entièrement détruit, ravagé, et s'y retrouver, c'était comme se retrouver de nouveau face à la guerre. A la souffrance que tout ça avait engendré. A Poudlard, elle avait l'impression d'être dans un cocon, d'être protégée du reste du monde. Et pourtant, c'était là qu'avait eu lieu la plus sévère des batailles. Là que nombre de ses amis avaient failli perdre la vie. Personne n'en était sorti indemne, et surtout pas le Trio d'Or. Elle se fichait bien de leur nouvelle popularité, elle se fichait bien des articles qui paraissaient sur eux. Elle aurait tellement préféré que cette foutue guerre n'existe pas, que Harry, Ron et elle puissent vivre une scolarité normale à Poudlard.

" Hermione !! Vite, on t'attends."

La voix enthousiaste de Ginny l'arrachèrent à ses sombres pensées, et elle se força à sourire avant de trottiner rapidement pour rejoindre ses trois meilleurs amis qui l'attendaient à la sortie de Poudlard. Lorsqu'ils arrivèrent à Pré-au-Lard, la jeune femme constata avec plaisir que le petit village commençait à reprendre vie, les commerces étaient rouverts pour la majorité d'entre eux, et ils auraient presque pu croire qu'il ne s'était rien passé ici. Mais malgré tout, la brunette réalisa rapidement que les sorciers qui se baladaient se regardaient les uns, les autres, parfois avec méfiance, parfois avec crainte. Rapidement, après avoir fait un petit tour, les quatre sorciers transplanèrent pour arriver au Chemin de traverse, devant la boutique des jumeaux. La boutique était très animée, et une musique joyeuse s'en échappait. Hermione esquissa un petit sourire devant l'immense roux qui saluait les visiteurs, baissant et remontant son chapeau, inlassablement. Elle pénétra dans la boutique à la suite de ses amis, et rapidement, Fred et Georges vinrent les saluer, sourire aux lèvres.

" Mais qui voilà ?! "

" On dirait que nos chers amis se sont enfin décidés à venir nous rendre visite."

Ils tapèrent dans le dos de Ron, et déposèrent une rapide bise sur les deux joues de Ginny avant de saluer Harry et de s'approcher enfin de la brunette. Le premier rouquin ébouriffa les cheveux déjà désordonnés de la jeune femme, et l'autre attrapa Hermione par l'épaule, l'attirant contre lui.

" Hermignonne, comment vas-tu ? "

" Très bien, Fred, et toi ? "

Le rouquin esquissa un sourire et il lui fit une petite bise, rapidement imité par Georges. Elle était l'une des seules à réussir à distinguer les deux jumeaux sans la moindre difficulté. Mais, il fallait dire qu'elle avait veillé Fred durant des heures lorsqu'il avait été blessé, et que pendant les vacances, elle avait passé beaucoup de temps, s'occupant de lui comme s'il était son petit frère, ou son petit-ami comme la taquinait gentiment Ginny.

" Tu viens nous chercher un philtre d'amour ? " lui lança Georges, une moue malicieuse sur son visage, et elle secoua la tête en riant.

" Mais non, Forges, elle a pas besoin de ça notre Hermignonne."

" Et on est là, nous aussi."

Les jumeaux éclatèrent de rire devant la moue courroucée de leur petit frère, et Fred ébouriffa rapidement les cheveux du rouquin tandis que Georges lui pinçait les joues, si bien qu'il se dégagea de l'emprise des jumeaux en soupirant, agacé. Ses frères semblaient ne pas avoir été touché par la guerre, ils étaient toujours aussi stupides qu'avant. Du moins, ça, c'est ce qu'il pensait. Hermione, pour avoir beaucoup discuté avec Fred, savait que c'était faux, que le rire était seulement leur meilleure arme pour lutter contre le deuil, contre les cauchemars et tous les souvenirs qui les dévoraient.

Mes démons portent ton nom {Wattys2018}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant